Journal d’une quarantaine : mercredi 18 mars 2020

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Catherine, la prof d'arts plastiques de Madeleine, avait envoyé des instructions par email : Madeleine a donc fait de la peinture ce matin. Et comme on avait sorti de grandes feuilles, elle a remis le couvert cet après-midi en testant ce qu'on peut faire avec des mines H, HB, B et B2 sur du papier blanc. L'apprentissage continue. Demain ce sera le premier télé-cours.

Exercice de peinture

Je suis passé à la boucherie et à la boulangerie du quartier : tout le monde ou presque attend dehors, heureusement qu'il fait beau. J'ai découvert au passage les contraintes du porter un masque : c'est plus dur pour commander ses tranches de rosette ! Et quand j'ai annoncé que ce n'était pas la peine de tout mettre sous vide (seulement les blancs de poulet), j'ai eu droit à un grand remerciement rigolard : nous n'avions pas été nombreux dans ce cas. Par contre il faudra commander à la boulangerie : à 11h30, le choix était déjà drastiquement réduit. Peggy avait eu plus de chance en venant dès l'ouverture à 7h du matin.

En France, il y avait 9052 cas confirmés, 148 décès et 12 guérisons. Et la première abeille, dans les fleurs du camélia.

Where Is All the Toilet Paper? Don’t Worry, It Is coming!

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Quand c'est une crise sanitaire, il faut écouter les médecins (surtout si on est président). Mais pour parler des produits courants, c'est surtout un logisticien qu'il faut lire (avant de se plaindre du Just-In-Time pour ceux-ci). Dans le lot, Christoph Roser fait un point sur la question épineuse du papier toilette.

Toilet paper is one of the cheapest goods by volume that you can find in a supermarket. Hence it makes little sense to produce it abroad, and most regions have one or more local manufacturer nearby that provide the stuff. These manufacturers operate close to their usual output. A paper machine is a rather expensive product, and manufacturers try to run it around the clock anyway. Hence, there is not much option to increase capacity. There may be an idle plant that goes online, or maintenance can (not necessarily should) be reduced. Overall, production is increased very little. And, as we see later, it should not be. If they put in a lot of effort now to increase capacity, they would have to put in a similar effort later to reduce capacity, since the overall demand does not change!

Journal d’une quarantaine : mardi 17 mars 2020

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J'ai effectué un dernier passage au Red Stone ce matin, le temps de prêter à la stagiaire un ordinateur portable (désinfecté à la lingette), de récupérer le courrier, le chéquier et une ramette de papier pour la maison et d'arroser les plantes. Et le temps d'un petit pincement en tournant la clé dans le barillet. Heureusement l'équipe est au top : nos outils internes sont désormais tous opérationnels (vidéo-conférences, messagerie instantanée) et les échanges y fleurissent.

A la maison ce fut le grand ménage extérieur. Le printemps est arrivé avec les premiers papillons et autres bourdons. On a sorti les transats, les tables et chaises pour faire un atelier « nettoyage ». L'apéro a quand même eu lieu à l'intérieur : entre la terrasse qui attend son deuxième coup de nettoyer haute-pression et le fond de l'air plutôt frais, on a préféré profiter du canapé !

Nous avons aussi reçu des masques : Éphéméride, l'atelier de notre amie Constance a mis en stand-by sa production de créations haute-couture pour mariées et s'est lancée dans l'économie de guerre. Vu le peu de personne qui en porte, je me dis que le symbole est probablement plus fort.

Des masques de haute couture

En France, il y avait 7683 cas confirmés, 148 décès et 12 guérisons. Et un voisin qui a passé sa tondeuse pendant qu'un autre élaguait un arbre mitoyen.

Journal d’une quarantaine : lundi 16 mars 2020

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La journée aura été consacré à la transformation de la maison en école. Pendant que le CNED encaisse un pic de connexion brutal mais prévisible depuis 72h seulement, on aménage le bureau de Madeleine (notre aînée), on met en place celui de Gisèle (en s'épargnant une crise de jalousie) et Peggy conclut la séquence par la création d'un coin lecture dans la chambre d'amis. Les premières leçons ont commencées.

Le bureau de Gisèle
Le bureau de Madeleine
L'obeya de la famille Penet-Avez

Elle met aussi en pratique ses leçons d'agilité grapillées auprès de ses apprentis philosphes. Je n'ai plus qu'à mettre des petits bâtons (Lean oblige) sur les post-its qu'on réalise. Le ticket jardinage est déjà en bonne place : rendez-vous dans 45 jours pour voir s'il tiendra la corde jusqu'au bout. Cela voudra dire qu'il y aura courant mai un paquet de petites plants à distribuer.

La préparation des premiers semis

J'ai aussi pris le temps d'appeler tous les membres de l'équipe au téléphone : chacun jonglera comme il peut entre vie de famille et télé-travail. Il faut aussi penser à ce qu'on peut apporter aux clients : cela commencera par le non-prélèvement des factures Opentime jusqu'à la fin du confinement. On tente aussi de monter un service de télé-conférence basé sur des technologies Open Source et on réfléchit à étendre l'usage de Matrix (puisqu'on en est déjà très satisfait en interne). Il y a aussi le projet de Monnaie Locale Inter-Entreprises : il risque de devenir mon champ de télé-bataille...

D'ici là, il faudra encore faire des courses de seconde nécessité : des feuilles de papier pour les dessins, des cahiers pour les cours et les dictées (il y a des fans à la maison), de la lessive (bizarrement la machine à laver tourne très régulièrement ces derniers jours) et des tablettes pour le lave-vaisselle (ben oui, on mange deux fois plus souvent quand tout le monde est à la maison).

En France, il y avait 6650 cas confirmés, 148 décès et 12 guérisons. Et des semis de « blanches de Gênes » sous cloche.

Journal d’une quarantaine : dimanche 15 mars 2020

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Donc je suis allé voter ce matin pour départager 6 candidat·e·s. Tôt le matin pour minimiser les surfaces souillées et éviter l'attente. Mon bureau disposant d'un toilette à l'entrée, le passage a été express : entre les deux lavages de main, j'ai passé moins de 90 secondes dans le bureau. Le temps d'y diposer le bulletin, de constater que les assesseurs n'avaient ni gant (contrairement aux caissières de supermarché), ni masque (contrairement aux asiatiques) et de m'assurer que des scrutateurs de différents bords étaient bien présents. Le temps aussi de partager avec les rares votants du matin l'absurdité de la situation. Le résultat est tombé ce soir : pas de vainqueur au premier tour mais Nicolas Bouche largement en tête avec plus de 35% des voix. L'ère Daubresse touche à sa fin aussi bien à Lille que dans son fief.

Les candidats lambersartois
Les annonces avant le vote

Le reste de la matinée a été consacré au jardin : désherber les carrés potager, faire les semis de pleine terre (carottes, radis et salades) et planter le groseiller et le myrtillier, les filles et moi n'avons pas chômé. On a aussi constaté qu'un arbre ça prend son temps...

Mars au jardin
Mars au jardin
Mars au jardin

Demain on commence la semaine : la promenade dominicale au Bois de Boulogne de l'après-midi a fait du bien. De l'air pour les poumons, de l'activité avec son lot d'endorphine et ce soleil printanier qui a mis du monde dehors. On a croisé des copines de l'école et des parents : on partage les petites et grandes angoisses (les grands-parents qui étaient là ce week-end et qu'on verra le moins possible, le cabinet qu'on ferme jusqu'à nouvel ordre, les revenus qui vont chuter mais on verra bien, les vacances en Bretagne qu'on était sur le point de réserver mais qu'on prendra une autre fois). Pas encore de décès parmi les proches et toujours cette quinzaine de jours d'incubation qui crée un effet de latence pesant.

« On se voit demain à la télécole ? »

En France, il y avait 4511 cas confirmés, 91 décès et 12 guérisons. Et des graines qui attendront quelques jours avant de sortir de terre.

Journal d’une quarantaine : samedi 14 mars 2020

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Quand je lève mon nez en ville, il me vient parfois l'envie de prendre une photo : un nouvel immeuble qui pousse, un panneau incongru, un arbre maltraité. Vous les avez peut-être croisés dans mes promenades urbaines. Mais jeudi matin, à peine la photo prise que mon téléphone s'éteint brusquement alors que le niveau de batterie atteignait largement les 65%. Sentant la pandemie se développer, j'ai profité de ma pause du midi pour aller m'approvisionner chez Apple : pas question d'avoir ce type de stress en période de coronavirus. Faut croire que j'ai bien fait : Apple à annoncé aujourd'hui la fermeture de tous ses magasins (il faut bien que leur trésorerie leur serve à quelque chose).

Avec les filles ce matin, on a fait un tour au parc : on y a prélevé des jeunes pousses d'arbre dans le bac à sable. En rentrant à la maison, elles les ont transplantés dans des petits pots en verre avec un peu de terre. Au moins eux pourront grandir tranquillement ! On pourra les observer...

Jeunes pousses d'arbre
Jeunes pousses d'arbre
Jeunes pousses d'arbre

Quelques courses supplémentaires cet après-midi. Un passage à la jardinerie du coin pour prendre des graines de salade, de courgette, de carotte. Et de radis. Si on les plante demain, on devrait pouvoir les goûter avant la fin de la quarantaine : ce sont les légumes qui poussent le plus vite, en trois semaines. Un autre au supermarché pour découvrir trois rayons plus vides qu'à l'ordinaire (les pâtes, les mouchoirs et les couches pour fuites urinaires légères). Les personnes âgées ont bien compris le message.

Moins de pâtes au supermarché
Moins de mouchoirs au supermarché
Moins de couches pour fuites urinaires légères au supermarché

Je digère moins le non-report des municipales : c'est le premier cas de discorde à la maison. Peggy restera à la maison. J'irai voter, avec la ferme conviction que le deuxième tour sera annulé. Il faut croire que 76% des français n'avaient pas compris le 5 mars ce qu'une exponentielle veut dire. Que le 12 mars, le Président de la République non plus. Et que le 14, le Premier Ministre toujours pas.

En France, il y avait 4480 cas confirmés, 91 décès et 12 guérisons. Et des feuilles qui attendent de devenir arbre dans des pots de yaourt.

Journal d’une quarantaine : vendredi 13 mars 2020

vendredi 13 mars 2020 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackback

À la maison, on l’avait anticipée depuis plusieurs semaines - depuis le retour des vacances de février en fait. On l’avait trompée en faisant un gros plein au supermarché puis un deuxième. En se préparant doucement au bureau. En lisant et croisant nos sources sur internet. En allant étrenner mon hakama (arrivé juste à temps depuis le Japon) mercredi soir au club d’aïkido. Mais depuis hier soir, c’est officiel : l’école ferme et la quarantaine se met en place.

Visiblement l’Education Nationale - et non l’armée - servira de colonne vertébrale à l’effort contre le Covid-19. La bibliothèque s’est déjà calé sur la directive, tous les activités suivront en cascade. En bloquant les enfants à la maison, les parents se retrouvent avec une double mission « rester en bonne santé » et « garder le moral ». Et déjà un ami professeur des écoles se retrouve réquisitionné pour s’occuper des enfants des soignants. On attend désormais le programme des travaux de la classe virtuelle pour assurer la continuité pédagogique.

Chez No Parking, le rythme aussi sera chamboulé : chacun a le droit de faire comme ça l’arrange. Pour celui et celle qui attendent un bébé dans les prochains jours et les prochaines semaines, les priorités vont s’imposer naturellement, les congés maternité et paternité font leur job. Mais je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le dilemme des grands-parents : aller à la maternité ? attendre le retour à la maison ? attendre le retour à la normale ? Pour ceux qui ont des enfants - donc moi y compris - la notion des heures au boulot va exploser : en dehors créneau de la sieste de l’après-midi qui devrait être libre, je m’attends à jongler en permanence pour faire le boulot du jour et permettre à Peggy de faire le sien. Et pour les autres, c’est le lieu de travail qui sera à la carte : non habilité à recevoir du public, notre bureau - le Red Stone - sera ouvert mais plutôt vide pour la durée de la quarantaine.

La question ne sera donc pas tant celle du télé-travail (on manipule tous du texte sur des ordinateurs, aussi bien côté marketing que développement, c’est largement faisable) mais celle du travail en asynchrone radical et mouvant.

En prévision de cette quarantaine Matthieu avait installé à un nouveau serveur Synapse de messagerie instantanée basé sur le protocole Matrix tout récemment : il devrait servir de noeud conversationnel pour compléter notre outil maison, Opentime (avec tickets, planning, suivi administratif, etc.). Autre changement majeur, le point en équipe à 12h50 s’efface : j’ai annoncé à chacun que je ferai en sorte de l’appeler une fois par jour. Avec la ligne du standard qui a basculé sur mon portable, je sens que je vais passer du temps au téléphone !

Et je me rassure en disant que le choix d’avoir permis à tout le monde de faire 32h par semaine nous offre un matelas de sécurité supplémentaire : il y a du « mou » pour travailler plus si le besoin devait s’en faire sentir dans un mois ou deux.

En France, il y avait 2882 cas confirmés, 61 décès et 12 guérisons. Et des myosotis dans le jardin.