Cinquième vague de huit bouquins lus

vendredi 28 février 2014 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Cinquième vague de huit bouquins lus.

  1. La ville des flux, d'Olivier Mongin
    Suite à plusieurs émissions sur France Culture où Olivier Mongin était interviewé, j'ai eu envie de lire son livre sur la ville. Aussi parce qu'il évoque largement l'Amérique du Sud (que je devrais découvrir début juin 2014, via la case Brésil). Et puis cette lecture est arrivée pendant un séjour hivernal sur l'île de Bréhat - peut-être la quintessence de l'urbanité au XXIe : un lieu idyllique, pas de voiture (tout se fait à pied), presque une "gated community" (le bras de mer remplace le mur extérieur), peu de commerces, un agriculteur forcément ultra-bio qui fait de la résistance, la mairie obligé de salarier le médecin, le boulanger qui s'en va (à cause de loyers trop élevés ?), bref la cannibalisation rampante d'une vie de village par des privilégiés citadins (dont je fais bien sûr partie ;-) qui ne viennent - au mieux - que pour les vacances. Au delà du cas bréhatin, si particulier, reste la grande questions du livre : comment faire émerger la démocratie dans ces nouvelles villes... qui oscilent entre gigantisme étalé (l'urban sprawl américain), connexion globale / déconnexion locale (Dubai), muséification plus ou moins avancée (Venise, Paris), construction sauvage (favelas brésiliennes), quartiers sans voiture ? Amazon
  2. Portrait d'un homme heureux. André Le Nôtre 1613-1700, d'Érik Orsenna
    Le récit aussi historique qu'autobiographique d'une relation entre le serviteur et son monarque absolu. Et au passage un hommage vibrant aux jardins à la française. Amazon
  3. Après la crise, d'Alain Touraine
    L'économie à travers son bras armée de la mondialisation a gagné, la lutte des classes et son dernier avatar (la social-démocratie) ont échoué : tel est le point de départ d'une réflexion originale. L'élévation d'une digue juridique et du sujet est la route prise dans cet essai où la moral, les droits humains, l'universel seraient les nouveaux points cardinaux. Et même si je trouve Alain Touraine très optimiste par rapport aux États-Unis en particulier, les récentes victoires des syndicats via la Justice (à travers la figure de Fiodor Rilov et son combat autour de Samsonite par exemple) ou la campagne pour revenu de base / revenu social garanti / revenu minimum d’existence / revenu de citoyenneté / allocation universelle / dotation inconditionnelle d’autonomie semblent lui donner raison. Amazon
  4. Manuel d'anticipation politique, de Marie-Hélène Caillol
    Depuis longtemps je lis le GEAB (en mode payant) et ses analyses souvent originales et toujours euro-centrés. J'ai franchi un nouveau pas en lisant leur petit livre-manifeste qui explique leur méthode : au menu le pourquoi des titres exagérés, le comment de la veille journalistique, le quoi des axes de réflexion ou le qui de l'écriture des articles par exemple. Dommage que le livre contienne autant de coquilles typographiques et que sa mise en page laisse à désirer. Pour une organisation qui cherche précisément à être audible, crédible, cet amateurisme n'est pas du meilleur effet. Anticipolis
  5. J'ai fait HEC et je m'en excuse, de Florence Noiville
    Un petit essai très impertinent sur la relation entre la Crise et ces générations de l'élite française passée par la moulinette des grandes écoles de commerce. J'ai étais particulièrement sensible aux stratégies de dédoublement mises en place par ces acteurs pour se ménager un espace de liberté et de créativité.Amazon
  6. La Zone du dehors, d'Alain Damasio
    Une deuxième claque. Après La Horde du Contre-vent (écrit après, mais lu avant), ce roman d'anticipation touche là où ça fait mal. Un grand travail sur la langue - comme toujours avec Damasio - mais en plus avec une quête du juste, du vital et du vivant dans un univers polissé qui résonne très fort. Amazon
  7. Une année avec mon père, de Geneviève Brisac
    J'ai failli plusieurs fois poser le livre et l'abandonner en route. Finalement je me suis accroché pour le finir : un doux roman sur la vieillesse et notre relation avec le temps qui passera. Amazon
  8. Traité des cinq roues, de Musashi Miyamoto
    Dans ce libre de sagesse japonaise, j'ai finalement préféré la biographie de ce Miyamoto Musashi : souvent cocasses, ses explications de victoire sont une ode à l'efficacité du moindre effort. Pour la méditation et la quête du geste juste, je suis resté sur ma faim. Probablement que je ne suis pas encore sur le chemin de la Voie. Amazon

Liste de lecture, quatrième

dimanche 12 janvier 2014 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Quatrième vague de huit bouquins lus.

  1. Cette France qu'on oublie d'aimer, de Andreï Makine
    Un hommage précieux et quelque peu pompeux à la France de toujours. Celle dont la trace s'étalerait à travers chaque village et son monument aux morts. Amazon
  2. Histoire du Brésil, de Armelle Enders
    Avec un voyage pour le Brésil qui se profile pour début juin (oui, juste avant la Coupe du Monde), il était temps d'aller au-delà des clichés cariocas. Ce bouquin présente 2 siècles de soubresauts outre-atlantiques : entre autres éléments inattendus, j'ai découvert par exemple que le Brésil avait accueilli la capital de l'Empire du Portugal pendant quelques temps (merci Napoléon). Amazon
  3. Le capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty
    LE grand livre d'économie du moment. D'abord grand par la longue durée qu'il aborde, pas moins de 2 siècles de données. Ensuite grand par le nombre de pages, pas loin de 900. Mais grand surtout par l'argumentation, solide et précise, aux enjeux déterminants, quelle(s) inégalité(s) pourrons-nous accepter / tolérer pour la génération future ? Et pourtant ça reste très lisible. Bien sûr les moins aventureux se contenteront d'une vidéo saisissante sur ces fameux 1% aux Etats-Unis ou d'un papier récent du Guardian Let's admit it: Britain is now a developing country. Les autres pourront comprendre comment la gestion de la faible croissance qui s'annonce pour la prochaine décennie (et celle en cours) va être déterminante pour l'Europe continentale et sa social-démocratie. Amazon
  4. L'Italie de la Renaissance à la fin du XVIIIe siècle, de Jean Delumeau
    . Encore un pan de l'histoire italienne que je découvre : il s'est donc passé des choses entre les Médicis en Toscane d'une part et Garibaldi, Verdi ou Cavour, d'autre part. Des petits royaumes qui partagent une nationalité, la France qui recule, l'Espagne qui se finance à Gênes et qui dépense à Naples. Amazon
  5. Grrrr, de Jean Maubille
    Le livre fait une douzaine de page, mais comme je l'ai lu au moins 50 fois - et que c'est pas fini - je l'ajoute ici. Ma fille, 18 mois, en est fan absolu : elle adore faire le bruit de l'animal qui se cache derrière chaque page-masque et surtout crier "loup loup loup LOUP LOUP" à tout bout de champ. Un moment délicieux en famille. Amazon
  6. Iran : l'irrésistible ascension, de Robert Baer
    Un plaidoyer ancien - 2008 - pour un changement radical de la position américaine (et occidentale) par rapport à l'Iran. Au vu des évènements de fin 2013, le moins que l'on puisse dire c'est que fonctionnaire américain a réussi à se faire entendre de son administration (ou au moins à anticiper les évolutions respectives des USA et de l'Iran). Son analyse des nouveaux rapports de force sur les 30 dernières années au Moyen-Orient a fait mouche : ce pays chiite à la très très longue histoire est train d'émerger lui aussi dans le nouveau monde multi-polaire. Amazon
  7. Le Réseau Corneille, de Ken Follett
    J'avais véritablement découvert la fibre "espionnage" de Ken Follet avec Le vol du frelon, j'ai retrouvé cette fois-ci des ficelles identiques : un héros (cette fois une héroïne) qui tombe amoureux, un méchant Allemand retord et adepte de la torture, accompagné d'une âme féminine bien jolie et bien pratique, des allers-retours en Londres (avec moult tracasseries administratives) et le continent (cette fois la France du champagne, du Ritz et de la caricature). Le charme de l'originalité a disparu au profit d'une réelle efficacité. Amazon
  8. Warax, de Pavel Hak
    Un roman de science-fiction à plusieurs voix sur le thème de la guerre à distance, des pays riches emmurés et du recyclage des clandestins : la désincarnation fonctionne tellement bien que j'ai eu du mal à être convaincu. Amazon

Liste de lectures - troisème

vendredi 27 septembre 2013 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Troisième vague de huit bouquins lus, la plupart pendant les vacances d'été à l'ombre d'un chêne au bord d'une piscine quelque part en Bourgogne.

  1. Les horizons terrestres, de André Lebeau
    Au delà du constant toujours aussi préoccupant sur l'état de notre planète et des défis qui l'attende, c'est la perspective que s'offre ce géophysicien qui est le plus intéressant : les racines du futur. Au lieu de suivre le chemin chaotique du quotidien dont l'horizon lointain s'arrête à 25 ans (le temps de l'emprunt bancaire), l'auteur va chercher d'ici mille ans le futur qu'il souhaite à l'humanité et cherche à tracer quelques voies pour y parvenir. Ce renversement permet de s'affranchir de la tyrannie du temps présent et de poser quelques jalons. Parmi ces derniers, j'ai été particulièrement intrigué par trois lignes de force que je n'ai pas souvent entendu - toujours à l'échelle longue : l'importance de l'éducation des filles (pour régler la question démographique), l'alternative entre le recyclable solaire - éolien, photovoltaïque - et la fusion des atomes légers (pour aller au delà de la transition énergétique) et le retard des sciences sociales liées aux questions "globales" ou systémiques (pour sortir de l'ornière idéologique du libéralisme). Amazon
  2. Tolède XIIe-XIIIe - Musulmans, chrétiens et juifs : le savoir et la tolérance
    Après Venise et Amsterdam, j'ai donc plongé via ce volume de la collection Autrement / Série Mémoires. J'ai découvert un champ historique que je ne connaissais que très peu : l'Espagne médiévale. Avec Le Cid et Cluny dans des rôles inattendus : le héros guerrier sort de la figure proposée par Racine alors la ville bourguignonne y fait sentir sa puissance - largement éclipsée depuis. Et puis bien sûr le rôle des musulmans et des juifs dans la transmission - via la traduction - de la pensée greco-arabe. Amazon
  3. Le vol du frelon, de Ken Follett
    On sait évidemment dès la quatrième de couverture que Harald réussira à transmettre sa découverte aux anglais à bord d'un biplan. C'est bien écrit : efficace et haletant, avec ce qu'il faut de rebondissements et de contrastes. Et les remerciements démontrent de la qualité de la documentation. Bref un roman d'espionnage parfait pour les vacances. Amazon
  4. Génération Pigeons, de Jean-David Chamboredon et Olivier Jay
    Une chronique à chaud du mouvement des "Pigeons" qui réussira à faire chauffer la toile pendant quelques semaines en septembre 2012. Au delà de la caricature vestimentaire (la barbe de 3 ou de 5 jours ?), la galerie de portraits est suffisamment large pour brosser une image pertinente de ce mouvement éphémère. Reste l'impression amère que cette vague d'entrepreneurs - avec toute la bonne volonté du monde - n'aura pas réussi à se faire entendre beaucoup plus que les militants d'Occupy Wall Street : les nouvelles formes de pouvoir ou de contre-pouvoir 2.0 sont encore loin de faire le poids une fois la réaction épidermique passée. Amazon
  5. Dragons, de Marie Desplechin
    Encore une fois, je ne suis pas déçu de cette collection de l'Olivier. Cette fois-ci le texte suit le rythme des marées de l'île de Batz, une histoire trouble où se mêlent le vrai et les histoires, la folie et le surnaturel. Amazon
  6. Mathémagique, balades mathématiques, de David Acheson
    De temps en temps, il fait bon se replonger dans la délicieuse abstraction de ses 20 ans. Ce volume n'échappe pas à la règle : c'est tellement beau les maths, on en mangerait bien plus souvent. Amazon
  7. Le monde en 2030 vu par la CIA
    Entre quatre mondes possibles, du plus pessimiste (avec un repli de toutes les grandes puissances sur leur "pré carré") au plus optimiste (une coopération mondiale sur les grands sujets : eau, climat, énergie), la CIA ne semble pas trop se mouiller. Bien sûr, l'Amérique resterait le pivot du monde d'après, celui qui peut tout faire basculer - surtout si c'est vers un monde "meilleur". Sauf que d'autres cercles de prospectivistes (comme le LEAP et son "horizon 2020") sont largement plus alarmistes, à la fois sur la puissance réelle des USA et sur les équilibres en construction. Décidément le chemin du futur s'éclaire très mal avec nos vaines bougies et nos allumettes trop humides. Amazon
  8. Manifeste convivialiste - Déclaration d'interdépendance
    Un autre de ces petits livres qui essaye de penser le présent. Cette fois-ci en apportant un nouveau concept, celui du "convivialisme" ou la valorisation de la relation et de la coopération. Un nouveau mot pour essayer de penser la synchronisation des autres mouvements (qu'ils soient politiques, économiques, écologiques ou même religieux) et pour leur donner un manifeste commun ! Il ne reste plus qu'à faire émerger les forces vives pour porter une telle ambition et là encore la venelle de cet avenir est peu balisée pour l'instant. Amazon

Liste de lecture

mardi 25 juin 2013 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Deuxième vague de huit bouquins lus, depuis le 19 avril 2013 cette fois.

  1. Le Minuscule Mousquetaire tomes 1 & 2, de Joann Sfar
    Un délicieux délire philosophique (ou presque) au pays d'Alice (ou pas loin) servit par la plume négligée de Joann Sfar. J'avais bien aimé son opuscule préhistorique (reçu en cadeau), j'y ai retrouvé cette même verve goulue. Amazon et Amazon
  2. De la propagande, Noam Chomsky (entretiens avec David Barsamian)
    C'est en lisant régulièrement le GEAB que l'idée - longtemps incongrue pour moi - d'une non-démocratie américaine possible a commencé à faire jour. L'activiste et linguiste Noam Chomsky montre à travers ces entretiens les dénis de réalité au pays de l'impérialisme post-1945. Malheureusement les affaires Aaron Swartz, de sécurité féodale avec Prism ou celle plus ancienne de QWest font encore plus froid dans le dos : with great power there must also come great responsibility dirait certains, Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. dirait d'autres. Amazon
  3. Le petit livre des couleurs, de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet
    Une bien belle histoire des couleurs, loin du symbolisme New-Age, qui montre entre autres pourquoi le vert est bien un couleur (et pourquoi le orange ne l'est pas) ou comment la difficulté de faire tenir les pigments sur un tissu influe sur sa préférence, le genre de détails qui permet de "briller" en société mais pas forcément de devenir érudit sur la question. Amazon
  4. L'éthique des hackers, de Steven Levy
    J'ai dévoré ce livre, aussi mal traduit soit-il (je ne compte plus les erreurs typographiques et les phrases alambiquées). Il raconte la préhistoire de ces mordus d'informatique qui ont révolutionné notre univers : ces fans de petits trains au MIT et autres dévoreurs d'électronique en Californie méritent au moins autant un détour (ou une découverte) que ceux qui ont marqué l'histoire économique. Le livre commencé avec Peter Samson s'arrête avec Richard Stallman, leur éthique perdure à travers l'Open Source et ses dérivés. Amazon
  5. Ultra Design : La nouvelle génération de designers, de Laura Houseley
    Une beau livre, avec des tas de jeunes créateurs qui font des meubles au moins originaux, parfois très élégants. J'y ai repéré par exemple un "porte-manteau éclairant" qui m'a bien inspiré : si jamais je trouve le temps de passer 2 jours à la cave, peut-être pourrais-je remonter avec. Amazon
  6. La condition numérique, de Jean-François Fogel et Bruno Patino
    Trop plat pour quelqu'un qui y baigne au quotidien, je n'y ai pas trouvé de matière à penser. Amazon
  7. Lettre aux paysans et aux autres sur un monde durable, de Jean Viard
    "Et si la réponse était dans le labeur des agriculteurs". Un vibrant plaidoyer pour un renouveau du lien entre travailleurs de la terre et le peuple de France. Le genre d'écrit qui chercher à donner du sens, il paraît que c'est ce qui manque à la politique du moment, ici c'est réussi. Amazon
  8. Paysages et territoires de l'industrie en Europe : Héritages et renouveaux, de Simon Edelblutte
    Cela fait plus de 10 ans que je bosse dans une ancienne usine textile, d'abord à La Madeleine et désormais à Euratechnologies - Lille. Et quand je suis tombé sur ce livre à la bibliothèque, impossible de ne pas le prendre. J'y ai enfin découvert le nom précis de cette usine avec un toit en zigzag : on dit à shed ou mieux encore à redans partiels. Et je suis resté avec une autre question : quels seront les beaux bâtiments emblématiques des années 2000 - 2010 à recycler dans 25, 50 ou 100 ans ? Amazon

Liste de lecture, hommage à Aaron H. Swartz

vendredi 19 avril 2013 :: perrick :: Livres :: 2 commentaires :: aucun trackback

En janvier 2013, j'ai découvert un visage : celui d'Aaron H. Swartz. Bien sûr je connaissais Reddit et quelques autres de ses créations, co-créations et participations : W3C, RDF, Markdown, RSS, CreativeCommons, etc. C'est via Lawrence Lessig que le visage est apparu. Puis le blog m'a fait re-découvrir un type de billet : The 2011 Review of Books.

Bien sûr j'aurais pu attendre le 11 janvier 2014 pour faire paraître la mienne... Sauf que c'est dans trop longtemps et que là, j'ai du temps : donc voici la mienne, depuis le 11 janvier 2013 !

  1. Du côté de Castle Rock, d'Alice Munro
    Une histoire anecdotique de l'enracinement sur le "Nouveau Continent" d'une famille écossaise. Des premiers colons à presque aujourd'hui. Des portraits finement ciselés de la famille de l'auteur sur plusieurs générations. Amazon
  2. Amsterdam au XVIIe siècle - Marchands et philosophes : les bénéfices de la tolérance (collection Autrement)
    J'aime bien cette collection historique, après Venise, voici donc Amsterdam. Bien sûr ils avaient inventé avant tout le monde la taxe Tobin, et juste avant le premier krach boursier ! Mais quand même un beau portrait de cette ville dans sa splendeur au tournant de la modernité. Amazon
  3. Bénédiction, puis L'Arklan, de Matthieu Bobin
    J'avais découvert le début de cette série Magarcane il y a 2 ans : Fils d'arme m'avait laissé un très bon souvenir d'Héroic Fantasy, sans trop de prétentions et plutôt bien ficelé. Lorsque les tomes 2 et 3 me sont tombés dans les mains, impossibles de les lâcher. J'ai littéralement dévoré les deux volumes : la quête avance, les histoires se croisent, l'atmosphère devient de plus en plus pesante. Vivement la suite... quand l'Arklan sera sortie de la Forêt de Guéden G'Bar. PS : l'auteur ne fait pas que de la philosophie, un peu de théologie catholique transparaît aussi parfois. Amazon
  4. La Chinafrique - Pékin à la conquête du continent noir, de Serge Michel et Michel Beuret
    A la fois passionnant (et tout à fait saisissant) sur le rôle que la Chine se taille depuis plusieurs années (le livre n'est plus si récent, il date de 2006) et se taillera dans les années à venir. J'ai lu l'ouvrage pendant le lancement des opérations françaises au Mali : l'attaque lancée par notre cher président prend une autre tournure, plus "économique". Et que dire de l'achat probable de frégates chinoises par l'Algérie que j'ai découvert encore plus récemment... Cette histoire-là est encore loin d'être écrite. Amazon
  5. Le passage à l'Europe - Histoire d'un commencement, de Luuk Van Middelaar
    Une très belle histoire de notre Europe, depuis les frémissement post-deuxième guerre des Trente Ans jusqu'à la crise grecque. Toutes les charnières de la construction européenne trouvent dans ce beau volume une explication détaillée et précise : on y retrouve les Pères fondateurs (Schuman, Monnet, Adenauer), les grands acteurs (de Gaulle, Tatcher, Kohl, Delors), les petites histoires (le compromis de Luxembourg en 1966, le "putsch" à Milan en 1985, la fin de la Communauté et le début de l'Union en 1990). Sans une goutte de jargon ni même un soupçon d'abréviation, une gageure. Amazon
  6. Sept ans de solitude, d'Eric Halphen
    Ceux qui me suivent sur Twitter savent que je prends régulièrement une cotisation chez Anticor. C'est donc naturellement que j'ai pris le livre d'un de ses fondateurs dans les mains : Eric Halphen y revient sur son parcours de juge d'instruction, en particulier sur les ressorts du dossier des HLM de Paris. L'ironie qui s'en dégage met souvent mal à l'aise : il faut bien se blinder comme on peut. Mais le constat est très amer, surtout qu'on connait désormais le sort définitif qu'offrira la Justice à Chirac & consorts. Dans son dernier chapitre, il écrit : "C'est sans doute la fin d'une époque. Il n'y aura plus de ces grosses affaires comme celles qui ont éclaté ces dix dernières années [les années 1990]. Il n'y aura plus de juges pour aller au bout. Il n'y aura plus de journalistes pour s'engager." Merci MM. Woerth, Sarkozy, Cahuzac, etc. de lui avoir permis d'avoir si tort. Amazon
  7. Le Réseau Aquila 1/2 - Silas Corey, de Fabien Nury et Pierre Alary
    Un ancien combattant désabusé par la Grande Guerre qui joue aux espions sous contrat. Les couleurs, très travaillées, donnent un jolie cachet à cet album. Les fans de Sherlock Holmes ou de Arsène Lupin apprécieront quand à eux une intrigue où se mêlent belles aviatrices, marchands d'arme au jeu trouble et politiques de tout poil. Amazon
  8. La France des années 30, de Serge Bernstein
    Vu que tout le monde parle du rapprochement entre la France de 1930 et celle de 2013, j'ai voulu y voir d'un peu plus près...Amazon

Extraits du journal de Arthur Young

lundi 15 octobre 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Entre 1787 et 1789, Arthur Young - un anglais - effectua un tour de France. Pour le fun, l'équipe de No Parking a remis en forme ce journal : il est donc possible de suivre ces billets au fur et à mesure, avec 225 années de décalage.

Le billet du jour est particulièrement croustillant : L'opinion générale semble être que l'archevêque ne pourra tirer le pays de sa situation actuelle ; les uns prétendent qu'il lui en faudrait la volonté, d'autres, le courage, d'autres encore, la capacité. Certains ne le croient attentif qu'à son propre intérêt ; suivant les autres, les finances sont trop dérangées pour être rétablies par aucun système, hors la réunion des états généraux du royaume, et une telle assemblée ne peut se faire sans provoquer une révolution dans le gouvernement. Tous s'accordent à pressentir quelque chose d'extraordinaire, et l'idée d'une banqueroute est loin d'être rare. Mais qui aura le courage de s'en charger ?

Bien sûr toute ressemblance avec des personnes existants en ce moment même ne serait que fortuite !

Une grande divergence, de Kenneth Pomeranz

jeudi 16 août 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Les chinois ont tout inventé : le papier, la poudre à canon, l'imprimerie et pourtant au tournant du XIXème siècle, ce sont les Occidentaux qui ont la main mise sur la planète. Kenneth Pomeranz fait un travail d'une très grand érudition essayer de comprendre les véritables raisons de ce basculement. Si sa thèse est vite énoncée (la proximité du charbon des grands centres industrielles en Angleterre et la conquête du Nouveau Monde), l'intérêt de l'ouvrage tient beaucoup plus dans la précision et l'envergure des thèses qu'il réfute : le régime marital et l'organisation économique des foyers, le marché de la terre et du travail ou même la consommation des produits de luxe (café, thé, sucre). Tout y est passé au crible avec moult références et précisions.

J'y ai découvert en outre d'une part l'impasse du monde proto-industrielle "où la production, en dépit d'un investissement croissant de travail, de la diffusion des meilleurs pratiques de production connues et d'une commercialisation croissante permettant une division du travail toujours plus efficiente, parvenait tout juste à devancer la croissance économique" (dans certaines régions de Chine et au Danemark en particulier); et d'autre part le succès de l'Angleterre - alors même qu'elle avait presque fini son déboisement - où "l'énergie nouvelle allait venir dans une large mesure d'un essor de l'extraction et de l'utilisation du charbon [...] et de l'injection de flux de diverses ressources du Nouveau Monde".

Nos contraintes du XXIème siècle ne sont finalement pas si éloignés, surtout quand on voit des méga-entreprises détruire littéralement des forêts entières en Malaisie. "A main gauche, la forêt primaire, le désordre, l'enchevêtrement, la succession de strates vertes [...] A main droite, rien. Rien que du rouge, la même plaie que j'ai vue la veille, dix ou vingt ou cent hectares de terre nue à qui l'on vient d'arracher la peau." (extraits du livre d'Erik Orsenna, Sur la route du papier - Petit précis de mondialisation III. Un triste rappel que finalement la contrainte écologique dépassée vers 1850 en Europe n'aura été que décalée de deux siècles à l'ensemble de la planète...

Venise 1500, une autre relecture

vendredi 11 mai 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

A l'heure où Hollande prévoit peut-être encore de passer des contrats « un jeune - un vieux » (la proposition 33 : Je proposerai un contrat de génération), d'autres s'y sont déjà risqués avant lui. En particulier la Sérenissime : «une loi de 1402 prévoit l'embauche sur chaque chantier important d'un vieux maître à la retraite dans le but « de donner aux autres la possibilité d'apprendre le métier». On voit là à quel point les veilles marmites peuvent encore servir à faire de bonnes soupes.

J'ai trouvé dans Venise 1500 un autre fait intéressant pour les fans de la logistique : dès le XVIème siècle, les vénitiens ont adopté «un système de numérotation de tout le matériel à charger et des galères elles-mêmes, de manière à faire converger des ateliers de production vers les magasins prévus à cet effet […] tout ce qui appartenait à la même galère». Un système que les contemporains admireront très vite «le dispositif […] se déplace en ces lieux […] avec tant d'aisance et de bonheur qu'on n'en peut croire ses yeux». Ce dispositif aussi ingénieux soit-il entrainera déjà son lot de réticences, de conflits et de résistances des ouvriers et de leurs corporations.

Un autre article très intéressant dans cet ouvrage retrace l'histoire de l'imprimerie à Venise vraisemblablement à partir de 1469. Pour rattraper son retard, la cité-république fait d'abord appel à des étrangers : un premier monopole est octroyé à Johannes de Spire (trouver son origine). Il meurt très vite et la deuxième vague arrive. Quatre nouveaux imprimeurs existent dès 1471 : sauf que la jeune industrie traverse crise sur crise. Le marché est tout petit (un livre vaut un mois de salaire d'un artisan) et les besoins en capitaux sont importants. Re-crise en 1474 : de 12 imprimeurs, on passe à 3. Re-bond en 1476 : une douzaine apparaissent. Puis une dizaine l'année suivante... C'est le temps des capitaux qui affluent de Florence, de Brescia, de Francfort, de Cologne, etc. On invente même le livre des livres à vendre ! Re-re-crise en 1478 avec la peste noire qui met tout le monde au tapis. C'est aussi le temps des consolidations d'entreprises fragiles et sous-capitalisées. La bascule définitive commencera dans les années 1480 : les volumes augmentent (entre autres grâce aux manuels universitaires « obligatoires » ), les prix baissent (jusqu'à 80% en 4 ans), des pseudo-monopoles s'installent (Venise détient 65% du marché des livres de droit en Europe avant 1500). Et les innovations s'enchaînent : des illustrations viennent compléter les ouvrages, la musique s'imprime avec l'invention des notes sur une portée (pour les livres de messe), d'autres alphabets permettent de viser l'export, etc. Jusqu'au Songe de Poliphile qui marquera le triomphe absolu de la culture vénitienne avec son langage précieux, sa typographie admirable et ses illustrations maniérées : la censure veille, le public adore.

Eiffel, une relecture à la mode startup

lundi 23 avril 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Lors de la formation "Entreprenariat & Innovation" à Stanford l'année dernière, une seule société française avait été cité par les intervenants américains : les établissements Roquette. Les modèles français pour développer son entreprise se sont donc très mal exportés ces dernières années. En passant par la bibliothèque de mon quartier, j'ai emprunté il y a quelques semaines sur une biographie de Gustave Eiffel : au delà du personnage génial, tyrannique, ambitieux, orgueilleux, exigeant, précieux et obstiné, j'ai trouvé quelques pépites à méditer.

Gustave Eiffel, de Daniel Bermond

Read next

Fréquences, livre pour Iphone

dimanche 20 février 2011 :: perrick :: Livres :: un commentaire :: aucun trackback

Quel surprise ce matin en lisant Libération : une pleine page sur "Fréquences", une oeuvre littéraire pour Iphone de Céline Houdar, Sébastien Roux, André Baldinger et Martin Blum.

Cela fait longtemps que je travaille avec Martin Blum sur divers projets web. Il m'avait même proposé à l'époque de travailler sur ce projet Iphone de livre hybride : malheureusement, ce n'est pas le champ de nos compétences. Reste que le projet est ambitieux et que cet article vient marquer une nouvelle étape de ce "machin" à la fois livre, objet interactif et sonore. Une ambiance originale à faire résonner dans ses écouteurs.

Livre : Programming Collective Intelligence

vendredi 4 avril 2008 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un bouquin technique aussi décapant (peut-être ma découverte de l'Extreme Programming). : Programming Collective Intelligence par Toby Segaran vaut son pesant de cacahuètes. Rempli d'algorightmes intéressants - faciles ou complexes. Avec des exemples en Python (qui a le vent en poupe si j'en crois le reddit/programming du moment). Depuis certains s'en sont inspirés pour écrire les exemples en Ruby : il y a là de la matière pour un écrivant / développeur PHP ;-) Vous aurez compris : je recommande fortement !

Programming Collective Intelligence

Et sinon la question à 0,02 centimes d'euros : pourquoi avoir mes des grands pingouins et pas des fourmis ? Est-ce tout simplement que c'est de l'Open Source qui permet ces avancées ??

Livre : Information, parole et délibération -- Eric Faÿ

mercredi 1 septembre 2004 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Parmi mes lectures de cet été : "Information, parole et délibération" par Eric Faÿ.

Le résumé sur la quatrième de couverture m'avait fait bondir : À l'heure d'Internet, plus les moyens de communication se multiplient, plus il devient difficile de trouver quelqu'un à qui parler et qui vous écoute. Alors qu'en ce moment, je suis plongé dans les blogs : des bonnes vieilles TAZ (ou ZAT en français) où des voix véritablement personnelles peuvent naître. Et que dire du Cluetrain Manifesto.

Une fois cet accroc passé -- je n'ai pas la prétention d'affirmer que tout le monde doit connaitre ce phénomène assez geek sur les bords -- le bouquin est très pertinent, même si c'est parfois hardu. Parmi les points forts : une ré-évaluation du mot délibération qui a beaucoup résonné chez moi.

J'y aussi ai trouvé beaucoup de contiguïtés avec des principes ou techniques de l'eXtreme Programming. Certaines sont assez évidentes à propos des valeurs -- la communiation, le courage -- ou des pratiques -- la proximité physique des personnes (via le client dans l'équipe de développement ou la scéance de planification par exemple) en particulier. D'autres moins : en particulier le rôle crucial de la métaphore dans les échanges qui y trouve une mise en avant très singulière.

Et comme vous n'en verrez pas beaucoup de pub : chez Amazon, à la Fnac ou à la librairie "A Plus d'Un Titre" de Lyon.