Big data et opération de déstabilisation : le monde académique en est au cœur
lundi 19 mars 2018 :: perrick :: Connexe(s) :: aucun commentaire :: aucun trackbackEn décembre 2017, Jeff Nesbit - un ancien directeur des affaires publiques et légales de la National Science Foundation - décryptait les vecteurs des financements qui avait permis des travaux de recherche sur l'exploration algorithmique de tous les contenus du web puis l'éclosion de Google : des entités plutôt reliés à la "communauté du renseignement" (CIA et NSA donc) via leur Massive Digital Data Systems (MDDS) project.
Ce week-end, The Guardian mettait au jour l'immense collecte de données effectuée via des profils Facebook qui, de fil en aiguille, permettra aux techniques de déstabilisation politique des succès éclatants avec le Brexit puis Trump. Là encore le point focal se trouve dans les murs feutrés d'une université, celle de Cambridge en l'occurence, où le chercheur Aleksandr Kogan utilisait - entre autres - des bourses russes pour effectuer ses recherches puis commercialisa à une société privée ces données, une commercialisation interdite à la fois par les règles de Facebook et par la législation du Royaume-Uni.
Qu'un des maillons faibles de nos sociétés démocratiques se trouve dans le monde académique avait déjà été pointé par Jane Jacobs dans son opus Dark Age Ahead : the combination of the appearance of professional respect for science rigor coupled with professional contempt for scientifically rigorous behaviour is toxic. Une remarque sur la décadence de l'Université qu'avait aussi noté Nicolas Kayser-Bril et que traque Olivier Ertzscheid au quotidien. Avec facteur H, financements au lance-pierre par "projet", fusion & autonomie, baisses de dotations, classement de Shangai et autres joyeusetés, bien malin qui trouvera la porte de sortie par le haut...