Fin de huitaine, ouverture de quarantaines
samedi 22 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackLa huitaine d’isolement est derrière nous : les filles devraient retourner à l’école lundi. En attendant nous avons déjà reçu via l’Espace Numérique de Travail un PDF à imprimer qui nous invite à récupérer trois auto-tests gratuits en pharmacie : d’autres enfants continuent de déclarer la maladie à l’école.
La mairie de Lambersart avait eu la bonne idée de recruter du personnel pour remplacer les professeurs absents dans ses écoles maternelles et primaires et ainsi offrir aux parents une solution de garde à l’école. Deux semaines plus tard, le maire doit revenir sur son ambition : tout le personnel qui avait été recruté est malade à son tour. L’opération aura duré deux semaines.
Et tandis que Boris Johnson annonce la levée des restrictions au Royaume-Uni, c’est du Danemark que semble poindre le prochain variant. Alors on se raccroche aux branches, en imaginant toucher du bois : on se raconte des histoires et des fables avec d’autres parents et amis. Cela fait du bien au moral.
En créant la rubrique Quarantaine 2020 dans ce blog, j’étais habité d’un sentiment d’urgence : celui de vivre un moment important pour toute une génération. Ce serait notre 39-45 ou notre guerre d’Algérie, avec son lot de bouleversement, d’excitation et de trauma. Qu’il faudrait faire face et qu’il en resterait une cicatrice dans nos chairs.
Depuis j’ai créé Quarantaine 2021. Puis Quarantaine 2022. Et ce soir je fusionne ces trois rubriques sous le terme plus général de Quarantaines avec l’intuition tenace que cette parenthèse n’est pas la dernière. Il y a toutes les raisons de penser que l’hiver 2022-2023 sera rude, quand bien même cette semaine aura été de bien belles vacances finalement.
Petit détour en forêt avant le week-end et ses promeneurs
vendredi 21 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackPour les deux (futures) ornithologues de la maison, nous avons fait un passage par la Forêt de Phalempin. Côté humain, nous n'y avons croisé qu'un couple promeneur + chien.
Sous les feuilles, de la vie. Sous chaque trace de pas, deux vers de terre. Arrondissons à 5 vers par enjambé. À raison d'une heure de marche à 3 km/h, cela fait 3000 mètres parcourus. Soient 6000 enjambés. Ce sont donc 30000 vers de terre qui auraient auraient pu nous voir ce matin, s'ils avaient sorti la tête de l'humus. Nous restons perplexes devant la quantité de vers qui se trouvent sur ces 676 hectares. Madeleine : au moins, les vers ne sont pas sur la liste des espèces en danger ici !
C'est plutôt rare de voir un nid de près, à seulement 1,5 mètre du sol : est-ce que quelqu'un pourrait nous aider à identifier l'espèce ?
Nous avons entendu des pics. Mais surtout nous nous sommes arrêtés pour les mésanges charbonnières.
Du saule au fusain
jeudi 20 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackÀ J+6 des premiers symptômes, j'avais un vague espoir qu'il y ait des changements dans le résultat de nos tests. À 8h15 du matin, mon téléphone n'annonce rien : les filles ne vont pas à l'école ce matin. À 13h45, mon téléphone n'annonce toujours rien : les filles ne vont pas à l'école cet après-midi. Nous découvrons notre sort à 14h25 : il n'y a aucun changement. Gisèle est toujours positive (et en forme), alors que Madeleine et moi sommes négatifs (et en forme). Vendredi sera encore confiné.
Lors de notre détour quotidien au bois, nous avons cueilli des branches de saule : en rentrant nous fabriquons nos premiers fusains. Tous ne sont pas réussis. Mais certains permettent de tracer de belles lignes noires sur du papier. Mon annuaire gagne un nouveau gribouillage.
Les filles redécouvrent les joies de la visio-conférence et piaffent devant l'écran. Je préfère les coups de fil. Peut-être est-ce là que se jouent les changements de génération ?
Jouer des projections
mercredi 19 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackLa sortie du jour sera au centre de tests, cet après-midi. Alors en attendant, nouvelle séquence "artistique" : cette fois-ci on détourne le vidéo-projecteur qui a servi pour le diner croques + dessins animés de la veille. Il faut commencer par recopier l'image projetée. Et de découvrir qu'il s'agit aussi d'un exercice de souplesse géométrique.
Les magazines ont apportés dans la boîte aux lettres leur lot mensuel d'histoires et de contes : j'ai gagné un peu de tranquillité et un autre passage en cuisine. Le goûter s'appelle des bébêtes pancakes.
Demain matin, on aura un début de réponse : seul un petit miracle (i.e. un triplé négatif) fermera cette parenthèse.
Chercher les oiseaux, suspendre le temps
mardi 18 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackLa grande repère qu'il n'y a personne au bois à cette heure-ci : les travailleurs travaillent, les écoliers écolent. Nous volons un peu de temps tous les trois...
À la maison, il est temps d'expérimenter les paysages, les arbres et les oiseaux récoltés plus tôt avec une gamme colorée restreinte (deux couleurs pour chacune, plus du blanc). Je mesure la difficulté qu'il y a à créer des séquences pédagogiques capables de créer du beau, du bien et du bon : je n'ai pas échappé aux larmes.
Les jeux de société ont mis tout le monde d'accord : chacune a gagné sa partie. Mention spéciale à la partie de Punto que j'ai eu la chance de remporter : tant s'ingéniosité dans de si petites cartes.
La solidarité bat son plein entre les élèves : un petit groupe mené par Louis est venu déposer les travaux du jour. Ils seront pour demain...
Re-ouverture d'une parenthèse : le Covid est arrivé à la maison
lundi 17 janvier 2022 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackQuand le Covid est entré à l'école, c'est vite devenu une question de jours : en grande section (et donc sans masque), nous savions que Gisèle n'aurait pas long à attendre. 10 jours. La fièvre est arrivée samedi. Dimanche pour se faire tester et surveiller la température. Lundi pour obtenir la confirmation et lancer notre troisième quarantaine.
On a donc repris ce rythme si particulier d'un confinement : la classe se résume à quelques exercices apportés par des copains, le boulot se cantonne à quelques coups de fil. Il y a du temps pour cuisiner des meringues, retrouver la bonne combinaison d'un cadenas, se dégourdir les jambes au bois et préparer le jardin pour l'hiver.
Les filles ont récolté de longues tiges sèches pour faire des bouquets. Et pour la première fois en 5 ans, j'ai déposé les feuilles mortes sur les carrés potager.
Le jardin peut désormais se reposer tranquillement : il a bien profité de ce début de parenthèse inopinée. Et j'ouvre cette troisième séquence avec une bonne nouvelle, la fièvre est déjà retombée.
Note périmétrique XVII : prendre le temps de réparer le trottoir
jeudi 22 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: un commentaire :: aucun trackbackDeux ouvriers (des cantonniers ?) ont eu la charge de réparer le trottoir devant le bureau : une fois des gaines posées, il fallait remettre des pavés. Pendant un petit mois, ils ont avancé tranquillement sur leur chantier, sans grosses machines, sans bruit pour le voisinage, sans interruption pour le traffic.
Techniquement cela ne doit pas être très éloigné du fonctionnement des Romains de l'époque impériale.
Et le résultat est bluffant : la transition avec l'ancien pavage se distingue à peine. Seules les feuilles mortes laissent apparaître la zone qui attend le passage des ouvriers. Le temps pourra passer tranquillement : dans 10 mois ou 10 ans, il y aura encore la matière première, le savoir-faire et la main d'oeuvre pour réparer telle ou telle section.
Un peu plus loin, le macadam n'aura pas la même chance. La mairie attend vraisemblablement que toute la rue soit défoncée pour engager des moyens : c'est probablement moins cher de refaire les trottoirs d'un coup, avec des rouleaux compresseurs pour tasser la couche de granulats et de bitume. Cela ne sentira pas bon pendant une jour ou deux et puis on oubliera ces lignes qui rappellent presque l'émail craquelé et marbré de fines lignes noires d'un bol Raku.
Reste à savoir si un artiste aura le temps d'imprimer sa marque entre temps.
Note périmétrique XVI : combien d'occasions perdues avec les dents creuses ?
mercredi 21 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackÀ chaque fois que je fais face à un nouveau chantier, une pointe de déception me touche : encore un cliché qu'il aurait fallu avoir pris un mois plus tôt.. Je me console alors en revenant quelques semaines ou mois plus tard, en espérant trouver une maison supplémentaire, intégrée dans la rue, alignée avec ses voisines, avec peut-être un parti-pris architecturale.
Il y avait un début d'ossature bois, il n'y a finalement que deux parkings couverts. Et deux places supplémentaires protégées par une signalisation "interdiction de stationner" et - de fait - réservées aux propriétaires.
Des occasions supplémentaires perdues pour une ville plus piétonne, plus résiliente et plus agréable.
Note périmétrique XV : planter quelques arbres et laisser l'ombre aux voitures
mardi 20 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackLa précédente équipe municipale de Lambersart avait fait le choix d'un « terre-plein central avec stationnement à l’intérieur ». Maintenant que les travaux se terminent peu à peu, il est temps de prendre la mesure des choix effectués.
Je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait en fait d'un parking ombragé pour voitures. Et que les piétons devraient se passer des bienfaits des feuille des arbres, le jour où elles arriveront.
Note périmétrique XIV : le mur et le toit pour un petit coin de paradis
lundi 19 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackPetite balade à la campagne, autour d'un petit bois où l'on a déposé les remblais du canal de la Deûle construit un demi-siècle plus tôt.
Les filles jouent avec des copines à construire une vraie maison, avec un toit et un mur. Elles chercheront même où se mettre en cas de la pluie : heureusement (?) le ciel est resté bleu.
C'est fou comme le point de vue peut changer la perspective...
La maison peut s'envoler ou attendre d'autres rêves.
Note périmétrique XIII : planter du houblon au printemps pour récolter une bière en hiver
dimanche 18 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackJe me suis raccroché au collectif Houbl-on sur le tard mais mon pied de houblon - un parmi les 140 - est bien arrivé le week-end dernier.
Et l'effet création de lien : je viens de commencer ma quête des autres planteurs !
Note périmétrique XII : quand la Deûle s'éteint d'un côté pour mieux s'éclairer de l'autre, par sûr que l'écosystème en profite
samedi 17 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackCourant 2017, la Ville de Lille a mis en place un projet de LUmière Citadine Optimisée pour L'Environnement.
Les lampadaires s'allument quand ils détectent le passage d'un promeneur ou d'un sportif, pour s'éteindre automatiquement 20 secondes plus tard.
Project expérimental financé à 70% par l'Union Européenne, il doit permet de re-créer une trame noire le long de la Deûle et d'y favoriser la bio-diversité (à commencer pour les chauves-souris).
Deux ans plus tard - en 2019 - c'est au tour de l'écluse du Grand Carré, toujours sur la Deûle, de subir une phase de modernisation : après 40 années, il était visiblement temps de revoir certains ouvrages d'art. Il faut passer en grand gabarit, puis en 24h/24. L'accès au quai est bloqué d'abord pour la durée des travaux puis définitivement. Et on installe de l'éclairage intense, toutes les nuits, toute la nuit, le long de cette "trame noire".
Pas certain que les chauves-souris ne se moquent pas de nous et de notre vaste programme d’animations nautiques pour l'occasion... Comme si nos ingénieurs ne savaient pas détecter l'approche d'un bâtiment de 80 mètres de long pour 11,50 de large. D'autant plus que ces grosses péniches naviguent de nuit avec de très puissants projecteurs à leur proue.
Note périmétrique XI : mutation urbaine à Lambersart, même Lidl pousse jusqu'au trottoir
vendredi 16 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackIl y quelques mois, le magasin Lidl de Lambersart était en retrait de la rue : les piétons devaient traverser un morceau de parking pour rentrer dans le magasin. No parking, no business disait l'adage.
Quel ne fut pas ma surprise de découvrir de découvrir récemment que la reconstruction du supermarché était en route et qu'il allait proposer une façade directement sur le trottoir.
Comme si le parking n'avait plus besoin de s'afficher en premier, que la voiture chutait de son piédestal et que les piétons redevenaient des clients prioritaires. Petit indice que Lambersart prenait - enfin ? - le chemin de la ville : cet espace où il faut constuire jusqu'au bord de chaque parcelle.
Il ne reste plus qu'à ajouter ces fameux piétons sur la vue artistique.
Note périmétrique X : graver une façade, déjà fait en 1866, encore faisable en 2021 ?
jeudi 15 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackLes travaux d'Ann Sussman nous invitent à mesure l'impact de la Première Guerre Mondiale sur la santé mentale des architectes qui nous ont amenés la "modernité" avec son cortège de béton brut et de verre abrupt.
One reason modern architecture looked so different than past constructions was because its key 20th century founders literally didn’t see the world in a “typical” fashion. They couldn’t. Their brains had been either physically altered by the trauma of war or, like Le Corbusier, they had a genetic brain disorder. And while their recommendations for “good design”—a new world, a clean slate—certainly reflected their talent, ambition, and drive, their remedies also reflected their brains’ specific disorders.
Et si de méga-imprimantes 3D permettent de construire des maisons à la demande, le plus souvent la promesse est de faire vite, efficace et lisse. Pas forcément beau. Alors qu'il exite pourtant un autre type de machines-outils capable de faire des trous et des creux : le centre d'usinage CNC de pierre, qu'on trouve en mode table ou en version portable.
Alors on peut recommencer à rêver aux décorations et ornements qui reposent le regard et l'invitent à voyager tranquillement sur une façade, en quête d'une porte ou d'une fenêtre, gages d'une conversation ou d'un échange.
Les ouvriers de 1866 étaient déjà capables de telle prouesses.
Et que dire de la délicatesse d'avoir reproduit le même motif en bas-relief au dessus de la porte d'entrée. Merci M. Émile Vandenbergh et ses équipes.
Note périmétrique IX : des façades pour faire front avec la rue
mercredi 14 avril 2021 :: perrick :: Quarantaines :: aucun commentaire :: aucun trackbackS'il est aussi tentant de construire par derrière, c'est aussi que par devant il est souvent délicat de se marier avec les habitations mitoyennes.
Entre pastiche ironique et audace dédaigneuse, il n'est pas facile de se faire une place sur la grande flèche des temps architecturaux, même quand ils sont strictement vernaculaires.
Heureusement quand même que ces contrastes existent : ils seront la matière première pour que la génération suivante puisse faire le ménage dans ce qu'elle voudra garder et transmettre à son tour.