Maison & Objet 2022, note II : le cas de la péninsule ibérique

vendredi 16 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Si les pays lointains passent souvent par un stand national pour mettre leurs enterprises en avant, les pays européens sont bien sûr en ordre dispersé. Chaque entreprise prenant un stand en solo. Les français sont forcément bien présents (on y reviendra) mais deux pays sortent du lot : l'Espagne et le Portugal. Et pour des raisons diamétralements opposées.

L'Espagne parce qu'elle est très peu représentée : il y a bien quelques stands épars dans le hall dédié à la mode. Mais invisible ailleurs.

Et pour le Portugal, c'est l'inverse : j'ai vu des stands côté linge de maison, jouets, cuisine, entre autres.

Des Portugais au Salon Maison & Objet
Des Portugais au Salon Maison & Objet
Des Portugais au Salon Maison & Objet
Des Portugais au Salon Maison & Objet

C'est d'autant plus remarquable qu'elle reste le seul pays mise en avant pour la qualité de sa production par les marques françaises et internationales.

Des Portugais au Salon Maison & Objet
Des Portugais au Salon Maison & Objet
Des Portugais au Salon Maison & Objet

Une place qu'elle partage encore - mais dans un moindre mesure - avec l'Italie.

Des Italiens au Salon Maison & Objet

Par contre aucune marque portugaise du côté du hall "Signature" : probablement une question de temps pour un petit pays qui a conservé une base industrielle et qui n'a pas encore de problème d'approvisionnement en énergie. Puisque la France et l'Allemagne bloque tout pipeline gazier entre l'Europe du Nord et la péninsule ibérique, la guerre en Ukraine et le défaut de gaz russe ne les touchent pas directement. Et avec des réserves en soleil et en vent non négligeables, il reste des perspectives.

Ouvrir les yeux à Maison & Objet 2022

jeudi 15 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

J'ai eu l'occasion de visiter pendant quelques jours le grand, très grand, salon Maison & Objet 2022. Il m'aura fallu près d'une demi-journée pour appréhender la démesure de l'évènement : plus de 2000 exposants sur 111 000 m² à travers 7 halls. Les habitués se plaignent évidemment qu'il n'est plus aussi grand qu'avant (on distingue des allées trop larges par endroit et des sections de hall masquées par de longues tentures noires), qu'il n'est plus aussi incontournable (les commandes passent aussi via les intranets de chaque marque). N'empêche que je m'y suis trouvé un jeu : décrypter ce qu'un tel salon raconte comme histoire(s).

La première, c'est que la Corée du Sud était en force : visiblement les différents ministères de Séoul se sont passés le mot pour envoyer à Paris de très belles délégations.

La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet
La Corée du Sud au Salon Maison & Objet

Mais comme toujours, c'est ce qu'on ne voit pas qui est peut-être le plus intéressant. La Chine était totalement absente. Aucun stand ne portait le drapeau rouge aux cinq étoiles.

Bien sûr le coronavirus est passé par là : les équipes commerciales sont bloquées derrière des confinements plus ou moins réguliers et des conditions draconiennes pour revenir au pays (à commencer par une quarantaine stricte à l'arrivée). Bien sûr il reste les chinoiseries importées par des grossistes. Mais il n'est plus rare de trouver des acheteurs qui ne sont plus allés en Chine depuis 3 ans. Pour négocier sur la qualité ou pour fluidifier les échanges, ils se sont contentés de faire des visios et d'envoyer des emails.

Et cela pourrait devenir tout à fait critique dans certaines PME : pour peu qu'il n'y ait qu'un seul acheteur pour la Chine et qu'il parte à la retraite dans les 2 ou 3 années qui viennent, la direction aurait à faire face à un véritable casse-tête puisqu'un remplaçant ne pourrait même pas visiter les usines ou les bureaux de fournisseurs importants. Évidemment parmi les candidats de moins de 25 ans, aucun ne sera allé en Chine. Évidemment parmi les interlocuteurs chez les fournisseurs, plus de la moitié aura changé d'employeur.

Pendant ce temps, les autres pays exposent.

Le Maroc au Salon Maison & Objet
Vienne au Salon Maison & Objet
La Lettonie au Salon Maison & Objet
La Thailande au Salon Maison & Objet
La Thailande au Salon Maison & Objet
La Thailande au Salon Maison & Objet
Le Danemark au Salon Maison & Objet
Le Danemark au Salon Maison & Objet
Le Brésil au Salon Maison & Objet

Tandis que Honk-Kong et Taïwan se montrent.

Une marque de Hong-Kong au Salon Maison & Objet
Une marque de Hong-Kong au Salon Maison & Objet
Taïwan au Salon Maison & Objet

Revenir à Londres en 2022

lundi 11 avril 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Je remets les pieds à Londres, après un paquet d'années.

Londres en 2022
Londres en 2022
Londres en 2022

Il y a certains personnages londoniens qui semblent immuables : l'écureuil, le héron et le robinet mélangeur sont de ceux-là. On les retrouvera à chaque séjour, capables de perdurer dans le temps, parfois allant jusqu'à se défaire de congénères (qui le roux, qui le mitigeur).

Londres en 2022
Londres en 2022
Londres en 2022
Londres en 2022

Et puis il y a les petits nouveaux que je décèle lors de promenades et de visites. Même quand ils marquent le passage d'un temps.

Mais où sont passées les affiches électorales ?

dimanche 3 avril 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Les élections présidentielles sont prévues pour le week-end prochain. Depuis plus d'une semaine, les panneaux électoraux ont été installés par toutes les mairies de France. Et pourtant le nombre de candidats avec une affiche est ridiculement faible.

Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides
Des panneaux électoraux quasi-vides

Autour de moi, aucun candidat n'a encore réussi à couvrir les panneaux de Lambersart, Marquette, Lomme et Saint-André. Et certains, à commencer par le président sortant n'a même pas une affiche visible.

J'imagine que tous attendent que leur prestataire - probablement un monopole de fait - fasse le boulot à la place des militants de base. À moins que les états-majors aient sciemment délaissés les territoires, se concentrant sur une campagne numérique et/ou télévisuelle. N'ayant plus les forces locales qui permettraient de se promener avec la colle, les pinceaux et les affiches.

Des vélos de Paris

lundi 6 juillet 2020 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Je regarde les vélos comme d'autres regardent les oiseaux. J'ai profité d'une longue marche à Paris pour compléter ma collection. Et quelle récolte ! Depuis mon dernier passage à la capitale, le braquet a changé.

Est-ce le hasard qui m'a porté le long du Canal St Martin ? Fermé à la circulation automobile, bordé d'un grand nombre de boutiques de cycles, il se prépare à une colonisation par les deux-roues à propulsion musculaire.

Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris

Les pionniers ont laissés des traces parfois militantes, parfois plus artistiques.

Des vélos à Paris
Des vélos à Paris

Les urbanistes ont ajouté la peinture jaune à leur armada technocratique, avec l'appui des gardiens de la paix (l'opération dominicale Paris respire est en cours) et celui des restaurateurs (ils profitent de leurs nouvelles terrasses) : les perspectives sont à l'extension.

Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris

Déjà les aménagements de la première vague disparaissent : les vélos avaient quitté le trottoir, ils vont grignoter d'autres rues.

Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris
Des vélos à Paris

Municipales à Paris : «Il faut déconstruire la ville segmentée»

vendredi 7 février 2020 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Professeur des Universités, Carlos Moreno est spécialiste du contrôle intelligent des systèmes complexes et donc initiateur du concept de la ville du quart d’heure. On le retrouve en entretien dans Libération :

Dans les années 90, on s’est dit qu’on allait résoudre le problème de l’éclatement spatial des villes grâce à la technique : aller plus vite, plus loin, avec des métros plus rapides par exemple. Puis des gens comme moi se sont intéressés aux conséquences de cet aménagement de la ville sur la vie dans la ville. Six choses font qu’un urbain est heureux : habiter dignement, travailler dans des conditions correctes, s’approvisionner, le bien-être, l’éducation et les loisirs. Pour améliorer la qualité de vie, il faut réduire le périmètre d’accès à ces six fonctions. J’ai choisi celui du quart d’heure pour marquer les esprits.

Mais c'est forcément dans The Guardian que j'ai retrouvé la trace de son inspiration première : Jane Jacobs (que j'admire tant).

To the dismay of the car lobby, already angered by the closure of the highways either side of the River Seine that runs through the centre of Paris, Hidalgo has promised to continue pedestrianising swathes of the capital, plus a €350m (£300m) plan to create “a bike lane in every street” by 2024, and a plan to do away with 60,000 parking spaces for private cars. Main roads through Paris will be inaccessible to motor vehicles, “children streets” will be created next to schools for term time, and the schools turned over to local residents during weekends and holidays. Moreno says he was inspired by the American-Canadian author and activist Jane Jacobs, author of the 1961 classic The Death and Life of Great American Cities.

Amener ses enfants à l’école

lundi 16 décembre 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Le 16 décembre à partir de 8h25, quelques tranches de vie sur le quart d’heure que dure mon passage entre les écoles des filles :

Audierne : un port en façade

samedi 23 mars 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

En déambulant dans le port d'Audierne, je distingue bien les activités butinantes des passants et des riverains. Le long du quai alternent boulangeries, restaurants, boutiques déco, bar-tabac-presse et poissonnerie jusqu'à la mairie. L'office du tourisme et les halles complètent le paysage. Tout comme le grand marché du samedi matin.

Seule tache sur le tableau, un ancien Gitem attend son repreneur : probablement trop grand pour le démarrage d'un indépendant, certainement trop petit pour attirer un concurrent au Leclerc et au Lidl quelques centaines de mètres plus loin. Il attend sûrement que les années passent et qu'un repreneur ait enfin la sensation de faire une bonne affaire en divisant la surface commerciale pour y placer plusieurs échoppes ou services. Je ne suis pas certain qu'une crèche puisse y trouver son compte : les naissances qu'on fête dans le coin viennent plutôt de l'Aquashow et la crèche itinérante peine à continuer vaille qui vaille.

Derrière ce rideau alléchant, les boutiques ont déjà fermées : dès que l'océan se retrouve caché par une bâtisse, l'activité économique disparaît. Et comme les résidences secondaires veulent aussi leur panorama imprenable, la petit ville continue de s'éteindre et de se diluer. Et de se plaindre qu'on n'avance plus, qu'on n'arrive plus à se garer, etc.

Restent aux urbains l'opportunité de reprendre la capitainerie pour en faire un espace de co-working & surf et de transformer de vieux hangars en magasin bio (avec ses 60 places de parking).

Les résidents permanents préfèreront sans doute investir dans un lotissement gagné sur des terres agricoles : les médecins y sont déjà, la pharmacie s'implante bientôt. Les concessionnaires automobiles sont à deux pas. Et les vélos, tout juste tolérés, tant qu'ils n'empiètent pas sur l'entrée du lotissement en question. La voie verte, c'est pour les touristes : elle passe le long de l'océan, pas sur les hauteurs.

Saint Malo : une modernité en cours de ré-invention

mardi 12 mars 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Si la ville de Surcouf ou de Cartier a été à la pointe de la technologie, c’était il y a bien longtemps, quand l’argent du Pérou arrivait par l’intermédiaire de Cadix. Reste désormais une vieille ville de pierre qui fait la joie des touristes : dans ce dédale tracé au XVIIIe siècle, rares sont les bâtiments contemporains. A peine une extension deci delà. La reconstruction a bien eu lieu « à l’identique » après les affres de la Seconde Guerre Mondiale.

Le XXIe siècle s’installe tout de même avec son cortège de restaurants et de petits producteurs (bio, locaux, végétariens, sans gluten, etc.).

Pour les autres commerçants, c'est beaucoup plus mitigé. S'il y a bien trois magasins de jeux pour enfants en plus des enseignes classiques de la mode, les coiffeurs partent les uns après les autres laissant une place au barber shop. Et pour l'informatique, des nuages aussi sont arrivés. Le livre tient un peu plus longtemps. Reste à savoir comment le Village des Marques qui semble pointer le bout de son nez pourrait rebattre l'équilibre précaire entre touristes et locaux.

L’ « Intra-Muros » a vu les services publics le quitter : de la Banque de France ne survit que les plaques derrière une grille et la grande Poste a été transformé en appartements. Pour les colis, c’est le tabac qui a pris le relais. Tandis que le nouveau poste de police s’est installé en face d’un supermarché et de ses parkings, les habitants se plaignent de voir migrer les commerces de proximité vers la gare TGV et son pont vers Paris. C’est bien sûr là-bas que s’est installé Digital Saint Malo.

Et si les voitures n’ont pas encore été exclu formellement de la ville (on les préfère quand même en dehors de l'hyper-centre, sauf pour payer des contraventions), les piétons sont rois et les cyclistes invités à laisser leurs montures à l’extérieur des remparts. D’ailleurs les rares vélos cargos ressemblent plus à des totems publicitaires qu’à des moyens de déplacement.

Les aspirations de nos contemporains (plus de santé, plus de vert, moins de pesticides, moins de béton) transparaissent aussi bien au bord de la piscine de mer - vive le bain du 24 tous les jours de décembre - qu'au gré des fenêtres.

Le port s’est construit une niche : loin des méga-porte-conteneurs, ici débarquent du bois de Finlande ou de Russie, du minerai et du phosphate en vrac. On ne pourra pas faire plus de toute manière : les quais sont encastrés entre l’ « Intra-Muros » et les quartiers plus récents. Par contre il faudra peut-être dans pas si longtemps faire autre chose : ce fameux phosphate, si utile pour l'agriculture intensive, commence à faire parler de lui.

Reste à voir si la météo de long terme ne mettra pas tout le monde d’accord : les quelques centimètres de mer à venir laisseront bientôt leurs traces. Pour l'instant on prend des mesures, sur du matériel américain.

Le Guilvinec, au rythme de la pêche

mercredi 9 janvier 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

En face de la commune de Treffiagat et de son quartier portuaire Lechiagat se situe Le Guilvinec fait office d’exception dans le paysage local : la ville vit encore à un rythme industriel, celui de la pêche. Ainsi quand Furic Marée, Pêcheries de Cornouaille et la Maison Stéphan-Le Cleac’h décident de fusionner, c’est relayé sur leur page Facebook.

Le ballet de la pêche est même devenu l’attraction touristique majeure du coin : l’arrivée des bateaux (poissons frais et langoustines en particulier) attire plusieurs centaines de personnes chaque jour en saison tandis qu’Haliotika permet la visite d’expositions et de la criée ou de ses coulisses.

Si cette activité génère encore de l’emploi, les difficultés transparaissent vite, surtout si on se rapproche des devantures ou si on tente de percer le regard à travers le dos des hangars.

Un peu plus loin, le cimetière marin fournit même de très beaux rappels « memento mori ».

Sur la terre ferme, par contre nul doute que la voiture continue d’étendre sa main-mise. La rue principale du petit centre historique atteint avec impatience que le marché lui redonne de la vie. Et charge à une exposition de photos de fournir la continuité visuelle autrefois garantie par des magasins achalandés.

Sur le rond-point à l’entrée de la ville, un boulanger s’est construit un parking qui n’est jamais plein : j’y aurai passé une heure pleine à bouquiner sans jamais voir plus de deux places occupées en même temps. Juste à côté, un parking spécialisé pour les camping-cars et un autre qui se languit lui aussi du marché hebdomadaire et d’un regain d’activité. Il paraît que la bagnole a encore de beaux jours devant elle, il paraît.

De la diversité des aménagements cyclistes à Londres

dimanche 16 décembre 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

En trois en jours à Londres début décembre 2018 (et plus de 6h de marche active) j’ai eu le temps d’arpenter des coins que je connaissais bien moins que l’axe Camberwell / Lambeth / Victoria / South Kensington de mes années de lycée puis d’université. Entre King’s cross, Holborn, Blackfriars et Shoreditch, l’atmosphère a été largement transformée.

Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est la déprise des voitures et l’importance grandissante des vélos avec deux marqueurs très forts : le péage urbain d’une part et les autoroutes cyclistes de l’autre.

Moins remarquables mais peut-être tout autant efficaces, les poteaux qui coupent régulièrement les rues aux voitures dans le centre où les voitures ont déjà payé £11.50 le droit de s’aventurer.

D’ailleurs on trouve de nombreux marqueurs de ce succès dans les écriteaux éparpillés de ça de là et qui dictent aux cyclistes les nouveaux usages à respecter, de l’injonction à mettre pied à terre à celle de ralentir, de l’interdiction d’accrocher son vélo à celle de traverser tel ou tel parc.

Sans compter les aménagements effectués par les usagers directs ou indirects : des vélos sont stockés dans les coursives des anciens « councils estates », sont laissés à l’abandon au bord d’un square, sont privilégiés sur la voirie, sont exhibés dans les bureaux, sont garés sur les anciens jardinets, sont déviés vers d’autres parkings plus loin, etc.

Et visiblement ce n’est pas fini…

PS : avez-vous vu le nombre de voitures garées sur ces photos ?

Serez-vous ville ou campagne quand la bise viendra ?

jeudi 29 novembre 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Entre alerte à la pollution et tranquillité de l’âme, le choix peut être cornélien… Surtout si on ajoute les questions liées au changement climatique ! Quelques pistes en cours d’exploration au Canada, aux Etats-Unis et en France avec liens et extraits plus ou moins en vrac.

Why we gave up on the country life par Matthias Wandel

We moved out to the country last year, but it turns out it did not make us happy. While there is much to appreciate about a big property, between maintenance, kids, having to drive for everything, no family nearby, and tendonitis problems for me, we never actually got to enjoy the property.

Sept bébés naissent sans bras ou sans main près d'un petit village de l'Ain, une fréquence hors norme

Une fréquence qui a alerté Emmanuelle Amar, épidémiologiste, elle travaille pour le Remera, une structure qui recense les malformations dans la région. Dans cette zone géographique, c’est 58 fois plus que la normale, selon les résultats de son enquête. « On a interrogé toutes les mères avec un questionnaire très poussé sur leurs habitudes de vie. Le seul point commun c’est que toutes ces femmes vivent en zone rurale au milieu des champs. »

Can You Build a Resilient Place from the Ground Up? par Daniel Herriges

Serenbe is the first of those compact communities to break ground in the area. Over a decade in, it is now about 15% built out, with approximately 650 residents. Many of the businesses in the community cater to healthy-living trends: a yoga studio, a spa, a farm-to-table restaurant. Serenbe’s key selling points to prospective residents are health—air quality, local food, and ubiquitous access to nature—and an idyllic vision of community in which residents are involved and invested.

Ecovillage at Ithaca and its educational non-profit Learn@EcovillageIthaca

EcoVillage at Ithaca is part of a global movement of people seeking to create positive solutions to the social, environmental and economic crises our planet faces. Since 1991 we have developed an award-winning ecovillage that invites you to live, learn and grow. Our mission is to promote experiential learning about ways of meeting human needs for shelter, food, energy, livelihood and social connectedness that are aligned with the long-term health and viability of Earth and all its inhabitants.

We are wired to raise children in community par Frederic Laloux

A year ago, my wife Hélène, our children — then six and thee-years-old — and I made a bold move. We boxed up our life in Belgium and flew over the ocean while our stuff slowly made its way in a container across the ocean. We changed not just countries, but how we lived. We left a bustling city to join an ecovillage in Ithaca, in upstate New York. We now have views of rolling hills and ponds and woods and trails. There’s an organic farm on the village’s land, which feeds us. Our neighbors have become friends and extended family. And there are kids and playgrounds all around.

Quand la défense de la terre nourricière s'invite au cœur des villes par Yannick Sencebe

Comme à Notre Dames des Landes, le quartier dit « des Lentillères » à Dijon a vu passer depuis 15 ans divers projets (gare TVG, clinique, etc..) jamais concrétisés mais qui ont eu raison de l’ancrage ancien des maraîchers qui en peuplaient les parcelles, fort riches sur le plan agronomique. Les propriétaires ont attendu de vendre à bon prix les terres que la mairie devait préempter. Ces 9 ha de terres maraîchères jouxtent 10 ha d’une friche industrielle composée d’anciens abattoirs et tanneries. Un espace autogéré « les Tanneries » s’y est installé en obtenant un bail et le droit d’y développer des activités publiques (concerts, bibliothèque, lecture...). Le tout est intégré dans un projet du Grand Dijon (agglomération), annoncé en 2010, s’accordant à la volonté de Dijon de devenir une capitale verte et prenant la dénomination de ce qu’il allait transformer : « l’éco-cité jardin des maraîchers ».

À Dijon, le succès d’un quartier autogéré et agricole par Roxanne Gauthier et Lorène Lavocat

La mairie a tenté de briser la dynamique à plusieurs reprises. En 2012, elle a ainsi envoyé une pelleteuse retourner sans ménagement les cultures. Mais rien n’y fait, au contraire. « Chaque répression a généré une résistance et un élargissement du collectif », souligne la chercheuse. Trois futurs paysans se sont installés cette année-là sur la friche, créant une ferme maraîchère. Puis, peu à peu, d’autres sont venus poser leur caravane et édifier des cabanes. « Cultiver la terre ne suffisait pas, explique Jean, établi sur les lieux depuis 2014. Pour renforcer la lutte, il fallait vivre sur place. » L’an dernier, Madeleine a participé à l’édification d’une bâtisse collective en terre crue au cœur de la friche. Au gré des constructions, le campement s’est mué en quartier.

TERA, un écovillage pour le XXIe siècle

Tera est un projet expérimental qui vise à construire un éco-village pour relocaliser à 85% la production vitale à ses habitants, abaisser son empreinte écologique à moins d'une planète, valoriser cette production en monnaie citoyenne locale, émise via un revenu d'autonomie d'un euro supérieur au seuil de pauvreté pour chacun de ses habitants.

Requalification urbaine du centre-bourg : le pari à 2,7 millions des élus lambersartois

mercredi 9 mai 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

La mairie de Lambersart - avec le soutien de la Métropole Européenne de Lille - va investir 2,7 millions d’euros pour requalifier son Bourg (c’est à dire ce qu’il reste de centre-ville dans cette commune de la banlieue lilloise). En février 2017, « l’idée est celle d’un mail piétonnier entre l’avenue du Parc et l’avenue de l’Hippodrome, incluant le pourtour de l’église, en préservant une place pour les voitures et les transports en commun. »

Il eut été tout aussi exact de dire entre « un des axes structurants qui relie Lille à la rocade Nord-Ouest » qui draine plus de 20000 véhicules par jour et qui mène à un premier supermarché et « un autre axe qui mène directement au quartier HLM construit dans les années 60 et 70 » desservi lui aussi par un autre supermarché. Le reste du périmètre est cerné au nord par une voie ferrée (sans gare) et au sud par une zone résidentielle avec autant de verdure que d’impasses. Heureusement le collège et l’église garantissent un passage régulier de piétons et même sans magasin de bouche (aucune trace de boulangerie, la boucherie a fermé l’année dernière), les banques et les agences immobilières tiennent le terrain. Il n’en reste pas moins que plusieurs cellules sont à vendre depuis longtemps.

Le Bourg : le trottoir commerçant

Le Bourg : la placette derrière l'église

Le Bourg : quelques boutiques

Le Bourg : quelques boutiques (bis)

Le Bourg : l'ancien bistrot et une banque

Le Bourg : une banque et une agence immobilière

Le Bourg : un local à vendre

Le Bourg : le parking devant l'église

Le Bourg : l'église et son parking (bis)

Bien sûr la mairie écoute ceux qui demandent de la vidéo-protection (alors que les commerçants sont bien évidemment les premiers « yeux de la rue ») et tente de rassurer les autres en arguant que « les arbres seront préservés le plus longtemps possible ».

Moins d’un kilomètre plus loin, entre les quartiers « Canon d’or » et « Champs de courses » se sont installés en moins de 18 mois : une couturière de robes de mariée, une architecte, une sophrologue, une psychologue, un cabinet d’urbanisme, un centre d’esthétique et de nutrition. Ils se sont ajoutés à tous les commerçants installés sous un HLM (boulanger, boucher-traiteur, caviste, fleuriste, pharmacienne, esthéticienne) et les autres qui avaient transformé une habitation, un garage ou un jardin (agence immobilière, artisan plombier, médecin).

Le Canon d'or : les boutiques sous le HLM

Le Canon d'or : une épicerie en vrac en camion, le vendredi soir

Le Canon d'or : la couturière de robes de mariée

Le Canon d'or : une ancienne maison convertie en bureaux partagés

Le Canon d'or : le centre d'esthétique et du nutrition

Le Canon d'or : le garage du plombier

Le Canon d'or : le jardin transformé pour accueillir 3 médecins

Le Canon d'or : une maison utilisée pour une esthéticienne

Rendez-vous dans 5 ans pour vérifier s’il vaut mieux les centaines de milliers d’euros de la mairie accompagnés des millions de la MEL et un « terre-plein central avec stationnement à l’intérieur » (comme s’il n’y avait pas déjà deux parkings à moins de 100m) ou un quartier avec peu de coupures urbaines pour « développer l’attractivité de la ville » et suffisamment de densité pour soutenir des rez-de-chaussées vivants. Mais qu'on ne me fasse pas croire que supprimer les arbres pour piétons le long de l'église pour en mettre d'autres pour les voitures garées au niveau de l'îlot central soit compatible avec une politique responsable pour le XXIe siècle : d'autres chantiers ont besoin de l'argent public.

Quand Lyon devient mon Gemba

samedi 31 mars 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Mardi et mercredi dernier, c'était le Lean Summit à Lyon (les 27 et 28 mars 2018 donc). Le temps de prendre une piqûre de rappel, d'écouter les pionniers passer la main, de croiser de vieilles connaissances, d'en rencontrer de nouvelles et d'être enthousiasmé par certaines initiatives hospitalières ou industrielles. Et aussi de faire un petit tour dans un terrain urbain nouveau pour moi, Lyon : une visite Gemba si on veut utiliser la terminologie Lean.

En sortant de la Cité Internationale, le bain "japonais" continue avec les petites fleurs roses d'un prunus. Pas si loin de leurs cerisiers.

Prunus, parc de la Tête d'Or, Lyon, 2018

Prunus, parc de la Tête d'Or, Lyon, 2018

Je ne suis pas le seul à trouver ça poétique : les appareils photos sont de sortie, malgré le temps couvert. Un peu plus loin, je découvre quelques particularités du parc de la Tête d'Or : de très belles serres, de très larges routes goudronnées et des trottoirs terreux - sans macadam - que les piétons laissent bien volontiers aux coureurs à pied.

Serres botantiques, parc de la Tête d'Or, Lyon, 2018

Chemins, parc de la Tête d'Or, Lyon, 2018

Chemins, parc de la Tête d'Or, Lyon, 2018

La relation au bitume des lyonnais est tout autant paradoxale dans la ville. D'un côté, des 3 ou 4 voies à sens unique (cours Vitton par exemple) : le genre d'artère qui invite des traversées en voiture à plein régime et qui aurait fait bondir Jane Jacobs.

Cours Vitton, Lyon, 2018

Cours Vitton, Lyon, 2018

Grand axe, Lyon, 2018

Et de l'autre, des travaux pour faire la place belle aux bus, cyclistes et autres transports en douceur.

Rue apaisée, Lyon, 2018

Rue apaisée, Lyon, 2018

Je sens que la transition ne va pas être simple ! Surtout avec des grossistes qui tiennent encore les quartiers du bord de Rhône en plein coeur de la ville.

Grossiste, rue Molière, Lyon, 2018

Notes urbaines et ouvertes à Valenciennes

mercredi 7 février 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

M. Le Président de la CCI de Valenciennes,

Nous avons eu le plaisir d’échanger sur les villes, celle de Valenciennes que vous souhaitez promouvoir, celles de Lille ou de Lambersart que je pratique tous les jours et toutes celles que nous croisons au gré de nos déplacements et de nos lectures respectifs. Ce rapide billet est juste l’occasion de formaliser quelques fruits de cet échange.

Jane Jacobs

Commençons par Jane Jacobs bien sûr ! Ses ouvrages « Life and Death of Great American Cities » ou « The economy of cities » ont largement aiguisé ma propre lecture des dynamiques urbaines. Elle montre que 4 marqueurs sont nécessaires à la bonne santé d’un centre-ville : 1/ un mixité de fonctions primaires (commerce, logement, travail, loisirs, etc.), 2/ des quartiers perméables (avec des rues qui se croisent à petits intervalles), 3/ des bâtiments de tout âge et 4/ une densité suffisante. Des chercheurs de Trento (en Italie) ont essayé de vérifier si son intuition était bonne : en s’appuyant sur les données des téléphones portables, ils sont arrivés à l’affirmative. Niveau recherche universitaire en France, les choses bougent aussi : le phénomène de la décroissance urbaine a désormais son ANR. Et c’est le groupe Altergrowth qui tente d’y voir plus clair.

Lot habitations en tour / commerces en rez-de-chaussée à Vancouver

La ville de Vancouver (au Canada) aussi s’est donnée l’objectif d’accueillir des familles dans son centre-ville. Elle a commencé il y a plusieurs dizaines d’années et sur son chemin, elle a même créé sa forme urbaine spécifique : une tour entourée de maisons particulières et d’unités commerciales. Les résultats sont probants : plus de 7000 enfants habitent désormais le coeur de la ville. Et la ville se retrouve désormais avec des riches asiatiques ont décidé d’y parquer leur argent, un nouveau type de problème à résoudre. Sur la zone d’Euratechnologies (une zone de bureaux), mes salariés disent la même chose : pour eux, tout commence par des crèches.

Valenciennes / quartier Dutemple

Comment la France a tué ses villes est assez bien documenté (l’addiction à la voiture y est pour beaucoup) et ses conséquences toujours visibles. Pour y pallier les mairies peuvent essayer de préempter des fonds commerciaux ou artisanaux comme à Douai. Elles peuvent aussi tester des formules de séparation entre murs et foncier grâce au démembrement. Reste à y greffer des habitants, un quartier ou une communauté : grâce au financement participatif, des châteaux y sont arrivés récemment. Il y a même une structure juridique qui se prête bien à des croisement hybrides entre acteurs divers : les SCIC. Des exemples de commerces communautaires existent hors des « grandes villes » au Royaume-Uni comme à Grindleford ou Thorncombe ou en France à Annecy ou Chateaufort. Ces filières commencent même à se structurer… Et si on se prend à rêver un peu plus, on peut aller chercher d’autres lieux à faire vivre : piscine, ferme, centrale électrique, cinéma, etc. Il y a déjà pléthore d’initiatives sous la grande bannière des Communs.

Quartiers à cashflow positif ou négatif

Souvent les questions financières s’en tiennent aux « acteurs économiques » (entreprise, commerce, artisan) : les villes américaines - à commencer par Détroit - ont montrer au contraire que ces questions pouvaient toucher de plein fouet les « acteurs territoriaux ». Le travail d’un groupe d’économistes sur Lafayette - toujours aux Etats-Unis mais en Louisiane - permet d’éclairer ces sujets : seuls les quartiers centraux (loin d’être toujours les quartiers les plus chics) sont « dans le vert ». Y maintenir globalement l’infrastructure existante (aucune nouvelle route, aucune canalisation supplémentaire) nécessiterait $3300 d’impôts supplémentaires par maison et par an : évidemment c’est impossible. Les banlieues vont bientôt mener la ville à la banqueroute. Même avec les taxes de vente - collectés par les entreprises, y compris la grande distribution - une ville avec ses banlieues étalées ne s’y retrouve pas. Los Angeles - l’autre mégalopole de la voiture outre-Atlantique - se prépare elle aussi à des réveils difficiles. La densification se fera contrainte ou accompagnée.

Pour mailler une aire urbaine qui voudrait sortir du tout-voiture, le train et le vélo sont des alternatives complémentaires. Avec son pôle de compétitivité i-Trans et l’agence européenne qui va avec, Valenciennes est bien partie… Reste que si j’en crois les comptes-rendus de l’association Droit au vélo il reste beaucoup de chemin à faire de côté-là : même pas un entre-filet pour témoigner d’une rencontre avec une collectivité du Valenciennois dans le dernier numéro de leur journal. Après une seule année même la démarche très volontariste de la mairie de Lille a déjà atteint un palier : reste à mettre les bouchées doubles pour découvrir les bienfaits du cyclisme sur les commerces de proximité, comme Amsterdam le prouve bientôt 10 ans.

J’en reste là pour cette fois : encore merci de m’avoir donné l’occasion de transformer quelques liens en autant de notes et au plaisir de poursuivre cet échange ultérieurement.