Maison & Objet 2022, note VII : le barbecue serait-il politique ?
lundi 31 octobre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackIl faut changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité.
La phrase choc de Sandrine Rousseau avait lancé une polémique à la fin de l'été 2022. Il faut dire que les marques de l'univers de la viande sur braise ne se privent d'appuyer bien grassement sur les clichés.
Je pensais avoir fait le tour de la question, et donner raison à cette élue EELV via cette mini-étude ethnographique.
Jusqu'à être mis en défaut par les curateurs du Salon Maison & Objet. Derrière de jolis rideaux blancs, ils avaient décidés de mettre en avant une marque française : Aluvy et ses barbecues & plancha, au gaz ou au charbon. Un pari design et made in France pour une équipe de spécialistes de la fonderie d’aluminium.
C'est léger et coloré. Ça ne rouille pas et c'est fémino-compatible. De quoi participer à l'apaisement de la France ?
Maison & Objet 2022, note VI : en vrac, signaux faibles en attente de tendance
dimanche 30 octobre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackSignal faible pour moi, probablement beaucoup moins pour les réguliers du salon, il y a au moins un stand qui fabrique du faux vintage. Luge ou ski en bois, en veux-tu ? En voilà !
Bien sûr il y a aussi du faux qui s'affiche en tant que tel...
Mais là, c'est du faux pour la bonne cause : c'est vegan.
Même si j'ai du mal à comprendre comment un céramique peut ne pas être vegan, il faut croire que ça fait vendre. D'autres arguments semblent plus prometteurs, il va (peut-être) faire froid cet hiver. La bouillote en profite pour muter.
Et le cycliste pour s'équiper.
La révolution sexuelle s'affirme chez les chaussettes et les entrepreneuses.
Et la révolution industrielle semble loin. Si certains s'engagent pour sauvegarder l'existant, d'autres font des paris audacieux sur l'avenir.
Maison & Objet 2022, note V : des aspirations durables, écologiques, compostables ou frugales
lundi 3 octobre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackLes halls "Cuisine" et "Jouets" ont une longueur d'avance en matière de développement durable : presque tous les stands affichent une politique verte, zéro déchet, biologique, recyclable, etc... Bien sûr il est difficile d'aller au delà de l'affichage et probablement qu'il y a un peu de green washing de la part de certains exposants.
Ces efforts sont aussi visibles côté "Cadeaux" et "Mode" : pas encore sur les grands stands en début de hall, mais au moins vers les petits créateurs et leurs petits stands en fond d'allées.
Dans le hall "Linge de maison", on trouve peu d'engagements au delà d'un "coton biologique" ici ou là. Peut-être qu'il est tout simplement très difficile de s'appuyer sur une matière première aussi difficile à produire : quand il faut beaucoup d'eau et beaucoup de soleil, notre Terre fournit peu de possibilités. Ainsi l’Inde, la Chine, les Etats-Unis et le Brésil représentent à eux seuls les trois quarts de la production mondiale. Et les incidents climatiques chez les uns et les autres ne nous amènent pas forcément à une grande sérénité...
Sauf que c'est bien au sein du hall "Déco & Mobilier" qu'on trouve les excès les plus notables. Que pourrait-il y avoir de plus bling-bling qu'une voiture de luxe affublée d'une carrosserie panthère ? Surtout si c'est pour marquer le manque d'engagement de toute cette filière.
Maison & Objet 2022, note IV : des terroirs industrielles et des français
vendredi 23 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackAutre petite spécificité des stands français au salon Maison & Objet, l'hyperprécision géographique. Visiblement la référence aux terroirs qui a fait la réputation de nos vins et autres fromages se déclinent désormais sur une ribambelle de cartes. Sans savoir s'il y a un intérêt à cette forme de "transparence" au delà de nos frontières, elle demeure un prétexte original pour une série de clichés qui sentent bon les clochers.
Une tendance qui semble échapper aux exposants au nord de la Seine. Je n'ai trouvé aucune carte qui ose présenter Halluin, Roubaix, Armentières, Lille, Seclin ou Saint-André-lez-Lille. Alors même que j'ai eu l'occasion de parler avec au moins un entrepreneur ou une entrepreneuse de chacune de ces villes du Nord.
Maison & Objet 2022, note III : des marques et des français
lundi 19 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackLe salon Maison & Objet accueille beaucoup de clients étrangers. Et certaines marques françaises ont des stratégies plus ou moins particulières pour les attirer... Ou les repousser d'ailleurs : j'ai été surpris du nombre de stands qui ne veulent pas travailler avec le grand export. Les raisons allant du hyper-écolo on privilégie la vente en circuit-court au bêtement logistique on ne sait pas livrer nos produits au Japon.
Pour commener la marque qui fait un jeu de mot, incompréhensible quand on ne parle pas la langue de Molière mais assez courte pour passer quand même à l'international.
Ensuite on peut bien sûr allonger l'expression, même si elle sera vite incompréhensible pour les non-francophones...
Il y a aussi le choix de basculer vers une marque qui décrit purement et simplement - in french.
Et puis la marque phrase poétique. Peut-être les plus compliquées à exporter, aussi douces ou évocatrices soient-elles pour un public francophone.
Enfin il reste cette manie de l'hyper français-franchouillard qui visiblement n'est pas encore passé de mode...
Maison & Objet 2022, note II : le cas de la péninsule ibérique
vendredi 16 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackSi les pays lointains passent souvent par un stand national pour mettre leurs enterprises en avant, les pays européens sont bien sûr en ordre dispersé. Chaque entreprise prenant un stand en solo. Les français sont forcément bien présents (on y reviendra) mais deux pays sortent du lot : l'Espagne et le Portugal. Et pour des raisons diamétralements opposées.
L'Espagne parce qu'elle est très peu représentée : il y a bien quelques stands épars dans le hall dédié à la mode. Mais invisible ailleurs.
Et pour le Portugal, c'est l'inverse : j'ai vu des stands côté linge de maison, jouets, cuisine, entre autres.
C'est d'autant plus remarquable qu'elle reste le seul pays mise en avant pour la qualité de sa production par les marques françaises et internationales.
Une place qu'elle partage encore - mais dans un moindre mesure - avec l'Italie.
Par contre aucune marque portugaise du côté du hall "Signature" : probablement une question de temps pour un petit pays qui a conservé une base industrielle et qui n'a pas encore de problème d'approvisionnement en énergie. Puisque la France et l'Allemagne bloque tout pipeline gazier entre l'Europe du Nord et la péninsule ibérique, la guerre en Ukraine et le défaut de gaz russe ne les touchent pas directement. Et avec des réserves en soleil et en vent non négligeables, il reste des perspectives.
Ouvrir les yeux à Maison & Objet 2022
jeudi 15 septembre 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackJ'ai eu l'occasion de visiter pendant quelques jours le grand, très grand, salon Maison & Objet 2022. Il m'aura fallu près d'une demi-journée pour appréhender la démesure de l'évènement : plus de 2000 exposants sur 111 000 m² à travers 7 halls. Les habitués se plaignent évidemment qu'il n'est plus aussi grand qu'avant (on distingue des allées trop larges par endroit et des sections de hall masquées par de longues tentures noires), qu'il n'est plus aussi incontournable (les commandes passent aussi via les intranets de chaque marque). N'empêche que je m'y suis trouvé un jeu : décrypter ce qu'un tel salon raconte comme histoire(s).
La première, c'est que la Corée du Sud était en force : visiblement les différents ministères de Séoul se sont passés le mot pour envoyer à Paris de très belles délégations.
Mais comme toujours, c'est ce qu'on ne voit pas qui est peut-être le plus intéressant. La Chine était totalement absente. Aucun stand ne portait le drapeau rouge aux cinq étoiles.
Bien sûr le coronavirus est passé par là : les équipes commerciales sont bloquées derrière des confinements plus ou moins réguliers et des conditions draconiennes pour revenir au pays (à commencer par une quarantaine stricte à l'arrivée). Bien sûr il reste les chinoiseries importées par des grossistes. Mais il n'est plus rare de trouver des acheteurs qui ne sont plus allés en Chine depuis 3 ans. Pour négocier sur la qualité ou pour fluidifier les échanges, ils se sont contentés de faire des visios et d'envoyer des emails.
“When were you last in China?” By the end of this year, almost the entire global community of China-focused academics/researchers, students, foreign policy specialists, business-people, etc. will not have set foot in the country in at least 3 years…
— Antony Dapiran (@antd) August 31, 2022
Yup. That.
— Peter Zeihan (@PeterZeihan) August 31, 2022
similar story for CEOs. And since the average CEO only serves for five years, any sort of familiarity with or attraction to China is about to become historical.
Et cela pourrait devenir tout à fait critique dans certaines PME : pour peu qu'il n'y ait qu'un seul acheteur pour la Chine et qu'il parte à la retraite dans les 2 ou 3 années qui viennent, la direction aurait à faire face à un véritable casse-tête puisqu'un remplaçant ne pourrait même pas visiter les usines ou les bureaux de fournisseurs importants. Évidemment parmi les candidats de moins de 25 ans, aucun ne sera allé en Chine. Évidemment parmi les interlocuteurs chez les fournisseurs, plus de la moitié aura changé d'employeur.
Pendant ce temps, les autres pays exposent.
Tandis que Honk-Kong et Taïwan se montrent.
Revenir à Londres en 2022
lundi 11 avril 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackJe remets les pieds à Londres, après un paquet d'années.
Il y a certains personnages londoniens qui semblent immuables : l'écureuil, le héron et le robinet mélangeur sont de ceux-là. On les retrouvera à chaque séjour, capables de perdurer dans le temps, parfois allant jusqu'à se défaire de congénères (qui le roux, qui le mitigeur).
Et puis il y a les petits nouveaux que je décèle lors de promenades et de visites. Même quand ils marquent le passage d'un temps.
Mais où sont passées les affiches électorales ?
dimanche 3 avril 2022 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackLes élections présidentielles sont prévues pour le week-end prochain. Depuis plus d'une semaine, les panneaux électoraux ont été installés par toutes les mairies de France. Et pourtant le nombre de candidats avec une affiche est ridiculement faible.
Autour de moi, aucun candidat n'a encore réussi à couvrir les panneaux de Lambersart, Marquette, Lomme et Saint-André. Et certains, à commencer par le président sortant n'a même pas une affiche visible.
J'imagine que tous attendent que leur prestataire - probablement un monopole de fait - fasse le boulot à la place des militants de base. À moins que les états-majors aient sciemment délaissés les territoires, se concentrant sur une campagne numérique et/ou télévisuelle. N'ayant plus les forces locales qui permettraient de se promener avec la colle, les pinceaux et les affiches.
Des vélos de Paris
lundi 6 juillet 2020 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackJe regarde les vélos comme d'autres regardent les oiseaux. J'ai profité d'une longue marche à Paris pour compléter ma collection. Et quelle récolte ! Depuis mon dernier passage à la capitale, le braquet a changé.
Est-ce le hasard qui m'a porté le long du Canal St Martin ? Fermé à la circulation automobile, bordé d'un grand nombre de boutiques de cycles, il se prépare à une colonisation par les deux-roues à propulsion musculaire.
Les pionniers ont laissés des traces parfois militantes, parfois plus artistiques.
Les urbanistes ont ajouté la peinture jaune à leur armada technocratique, avec l'appui des gardiens de la paix (l'opération dominicale Paris respire est en cours) et celui des restaurateurs (ils profitent de leurs nouvelles terrasses) : les perspectives sont à l'extension.
Déjà les aménagements de la première vague disparaissent : les vélos avaient quitté le trottoir, ils vont grignoter d'autres rues.
Municipales à Paris : «Il faut déconstruire la ville segmentée»
vendredi 7 février 2020 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackProfesseur des Universités, Carlos Moreno est spécialiste du contrôle intelligent des systèmes complexes et donc initiateur du concept de la ville du quart d’heure. On le retrouve en entretien dans Libération :
Dans les années 90, on s’est dit qu’on allait résoudre le problème de l’éclatement spatial des villes grâce à la technique : aller plus vite, plus loin, avec des métros plus rapides par exemple. Puis des gens comme moi se sont intéressés aux conséquences de cet aménagement de la ville sur la vie dans la ville. Six choses font qu’un urbain est heureux : habiter dignement, travailler dans des conditions correctes, s’approvisionner, le bien-être, l’éducation et les loisirs. Pour améliorer la qualité de vie, il faut réduire le périmètre d’accès à ces six fonctions. J’ai choisi celui du quart d’heure pour marquer les esprits.
Mais c'est forcément dans The Guardian que j'ai retrouvé la trace de son inspiration première : Jane Jacobs (que j'admire tant).
To the dismay of the car lobby, already angered by the closure of the highways either side of the River Seine that runs through the centre of Paris, Hidalgo has promised to continue pedestrianising swathes of the capital, plus a €350m (£300m) plan to create “a bike lane in every street” by 2024, and a plan to do away with 60,000 parking spaces for private cars. Main roads through Paris will be inaccessible to motor vehicles, “children streets” will be created next to schools for term time, and the schools turned over to local residents during weekends and holidays. Moreno says he was inspired by the American-Canadian author and activist Jane Jacobs, author of the 1961 classic The Death and Life of Great American Cities.
Amener ses enfants à l’école
lundi 16 décembre 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackLe 16 décembre à partir de 8h25, quelques tranches de vie sur le quart d’heure que dure mon passage entre les écoles des filles :
- des lycéens évoquent un jeu au chat et à la souris,
- le directeur de l’école primaire ne laisse pas jouer les enfants dans la cour : « tout le monde en classe directement »,
- une lycéenne au téléphone en évoque un autre « coincé dans un coin »,
- des parents d’élèves se demandent si ce parfum qui flotte dans l’air contient du gaz lacrymogène,
- la directrice de l’école maternelle invite les parents à se dépêcher : « la grille sera fermé plus tôt que d’ordinaire »,
- la maîtresse blague en évoquant le confinement et le pique-nique « et les chips »,
- un parent d’élève demande en sortant si la directrice aurait besoin d’un petit coup de main pour surveiller la grille,
- d’autres parent évoquent à demi-mot des cartouches de gaz lacrymogène dans la cour du bahut,
- des lycéens, plus nombreux, attendent sur la place et parlent d’un blessé,
- une vingtaine de CRS stationnent en formation resseré devant le lycée,
- une lycéenne soigne un lycéen avec ce qui ressemble à un mouchoir : il est blessé au visage,
- dans un camionnette des policiers vaquent à leur occupation administrative,
- huit véhicules de la police (trois fourgons, cinq voitures) bloquent une rue.
Audierne : un port en façade
samedi 23 mars 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackEn déambulant dans le port d'Audierne, je distingue bien les activités butinantes des passants et des riverains. Le long du quai alternent boulangeries, restaurants, boutiques déco, bar-tabac-presse et poissonnerie jusqu'à la mairie. L'office du tourisme et les halles complètent le paysage. Tout comme le grand marché du samedi matin.
Seule tache sur le tableau, un ancien Gitem attend son repreneur : probablement trop grand pour le démarrage d'un indépendant, certainement trop petit pour attirer un concurrent au Leclerc et au Lidl quelques centaines de mètres plus loin. Il attend sûrement que les années passent et qu'un repreneur ait enfin la sensation de faire une bonne affaire en divisant la surface commerciale pour y placer plusieurs échoppes ou services. Je ne suis pas certain qu'une crèche puisse y trouver son compte : les naissances qu'on fête dans le coin viennent plutôt de l'Aquashow et la crèche itinérante peine à continuer vaille qui vaille.
Derrière ce rideau alléchant, les boutiques ont déjà fermées : dès que l'océan se retrouve caché par une bâtisse, l'activité économique disparaît. Et comme les résidences secondaires veulent aussi leur panorama imprenable, la petit ville continue de s'éteindre et de se diluer. Et de se plaindre qu'on n'avance plus, qu'on n'arrive plus à se garer, etc.
Restent aux urbains
l'opportunité de reprendre la capitainerie pour en faire un espace de co-working & surf et de transformer de vieux hangars en magasin bio (avec ses 60 places de parking).
Les résidents permanents préfèreront sans doute investir dans un lotissement gagné sur des terres agricoles : les médecins y sont déjà, la pharmacie s'implante bientôt. Les concessionnaires automobiles sont à deux pas. Et les vélos, tout juste tolérés, tant qu'ils n'empiètent pas sur l'entrée du lotissement en question. La voie verte, c'est pour les touristes : elle passe le long de l'océan, pas sur les hauteurs.
Saint Malo : une modernité en cours de ré-invention
mardi 12 mars 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackSi la ville de Surcouf ou de Cartier a été à la pointe de la technologie, c’était il y a bien longtemps, quand l’argent du Pérou arrivait par l’intermédiaire de Cadix. Reste désormais une vieille ville de pierre qui fait la joie des touristes : dans ce dédale tracé au XVIIIe siècle, rares sont les bâtiments contemporains. A peine une extension deci delà. La reconstruction a bien eu lieu « à l’identique » après les affres de la Seconde Guerre Mondiale.
Le XXIe siècle s’installe tout de même avec son cortège de restaurants et de petits producteurs (bio, locaux, végétariens, sans gluten, etc.).
Pour les autres commerçants, c'est beaucoup plus mitigé. S'il y a bien trois magasins de jeux pour enfants en plus des enseignes classiques de la mode, les coiffeurs partent les uns après les autres laissant une place au barber shop. Et pour l'informatique, des nuages aussi sont arrivés. Le livre tient un peu plus longtemps. Reste à savoir comment le Village des Marques qui semble pointer le bout de son nez pourrait rebattre l'équilibre précaire entre touristes et locaux.
L’ « Intra-Muros » a vu les services publics le quitter : de la Banque de France ne survit que les plaques derrière une grille et la grande Poste a été transformé en appartements. Pour les colis, c’est le tabac qui a pris le relais. Tandis que le nouveau poste de police s’est installé en face d’un supermarché et de ses parkings, les habitants se plaignent de voir migrer les commerces de proximité vers la gare TGV et son pont vers Paris. C’est bien sûr là-bas que s’est installé Digital Saint Malo.
Et si les voitures n’ont pas encore été exclu formellement de la ville (on les préfère quand même en dehors de l'hyper-centre, sauf pour payer des contraventions), les piétons sont rois et les cyclistes invités à laisser leurs montures à l’extérieur des remparts. D’ailleurs les rares vélos cargos ressemblent plus à des totems publicitaires qu’à des moyens de déplacement.
Les aspirations de nos contemporains (plus de santé, plus de vert, moins de pesticides, moins de béton) transparaissent aussi bien au bord de la piscine de mer - vive le bain du 24 tous les jours de décembre - qu'au gré des fenêtres.
Le port s’est construit une niche : loin des méga-porte-conteneurs, ici débarquent du bois de Finlande ou de Russie, du minerai et du phosphate en vrac. On ne pourra pas faire plus de toute manière : les quais sont encastrés entre l’ « Intra-Muros » et les quartiers plus récents. Par contre il faudra peut-être dans pas si longtemps faire autre chose : ce fameux phosphate, si utile pour l'agriculture intensive, commence à faire parler de lui.
Reste à voir si la météo de long terme ne mettra pas tout le monde d’accord : les quelques centimètres de mer à venir laisseront bientôt leurs traces. Pour l'instant on prend des mesures, sur du matériel américain.
Le Guilvinec, au rythme de la pêche
mercredi 9 janvier 2019 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackEn face de la commune de Treffiagat et de son quartier portuaire Lechiagat se situe Le Guilvinec fait office d’exception dans le paysage local : la ville vit encore à un rythme industriel, celui de la pêche. Ainsi quand Furic Marée, Pêcheries de Cornouaille et la Maison Stéphan-Le Cleac’h décident de fusionner, c’est relayé sur leur page Facebook.
Le ballet de la pêche est même devenu l’attraction touristique majeure du coin : l’arrivée des bateaux (poissons frais et langoustines en particulier) attire plusieurs centaines de personnes chaque jour en saison tandis qu’Haliotika permet la visite d’expositions et de la criée ou de ses coulisses.
Si cette activité génère encore de l’emploi, les difficultés transparaissent vite, surtout si on se rapproche des devantures ou si on tente de percer le regard à travers le dos des hangars.
Un peu plus loin, le cimetière marin fournit même de très beaux rappels « memento mori ».
Sur la terre ferme, par contre nul doute que la voiture continue d’étendre sa main-mise. La rue principale du petit centre historique atteint avec impatience que le marché lui redonne de la vie. Et charge à une exposition de photos de fournir la continuité visuelle autrefois garantie par des magasins achalandés.
Sur le rond-point à l’entrée de la ville, un boulanger s’est construit un parking qui n’est jamais plein : j’y aurai passé une heure pleine à bouquiner sans jamais voir plus de deux places occupées en même temps. Juste à côté, un parking spécialisé pour les camping-cars et un autre qui se languit lui aussi du marché hebdomadaire et d’un regain d’activité. Il paraît que la bagnole a encore de beaux jours devant elle, il paraît.