Appel à conférenciers : Forum PHP 2015

jeudi 25 juin 2015 :: perrick :: PHP :: aucun commentaire :: aucun trackback

Le prochain Forum PHP va être spécial : on y fêtera les 20 ans du PHP, et les 15 ans de l'AFUP. Lors du dernier anniversaire en 2010, nous avions crevé tous les plafonds : une semaine avant l'évènement, c'était plein à craquer et les inscriptions avaient été fermées. Nous étions finalement plus de 500 à la Villette. Cette fois-ci c'est au Beffroi de Montrouge que ça se passe et encore une fois ce devrait être tip top.

Les plus prévenants peuvent déjà s'inscrire ou bien proposer une conférence. Une fois n'est pas coutume, je viens de déposer une première idée : Ô mon dieu, qu'avons-nous fait ? L'AFUP 15 ans plus tard. On verra un peu plus tard si ça mord du côté des organisateurs (dont je ne fais plus partie).

En tout cas rendez-vous fin novembre 2015 à Paris !

Les mirages de la Silicon Valley

lundi 8 juin 2015 :: perrick :: Entreprenariat :: un commentaire :: aucun trackback

Tout le monde (ou presque) s'extasie devant les succès réguliers et répétés de la Silicon Valley des tubes à vide jusqu'au social media, avec cette combinaison souvent imitée d'un état militaire dispendieux, des fonds d'investissement bien garnis, des établissements universitaires réputés mondialement et d'un état d'esprit libertarien.

Visiblement Berlin - autre pôle d'innovation - est devenu un anti-modèle : le Nouvel Observateur va jusqu'à titrer Comment Berlin est devenue la capitale des hackers. Ainsi de nombreux hackers et défenseurs de la protection des données sont passés par Berlin (pour y résider, y travailler ou juste s'y ressourcer). Dernier exemple que je découvre aujourd'hui, le chouette projet Terms of Service; Didn't Read. Bien sûr son leader, Hugo Roy, étudiant français à Sciences Po, passe son temps entre Paris et Berlin !

Dans ce contexte, que penser de Lille et Euratechnologies ? Surtout si on veut aller au delà du cocorico qui met le 165 avenue de Bretagne au premier rang des incubateurs de France et le troisième en Europe.

J'ai été frappé par une remarque de Patrick Artus, directeur de la Recherche et des Etudes de Natixis et professeur à l'Ecole Polytechnique, dans un de ses passages à L'Economie en questions : la France serait pleine d'entreprises non-schumpeteriennes. Des sociétés anciennes, voire archaïques, sans prétention à l'export mais qui grâce à leur bas de laine conséquent et à leur petit marché local ou national tiennent longtemps. Suffisamment longtemps pour ne pas être trop dérangés par des concurrents plus jeunes et plus innovantes, mais qui se casseront la figure à cause d'un manque de financement et d'un trou de trésorerie. Le paradoxe français serait là.

D'un autre côté, Noam Wasserman, économiste à Harvard Business School cette fois, a montré dans son article fameux que les entrepreneurs devaient choisir régulièrement entre king et rich : il appelle cela le Dilemme du Créateur. Si les Américains (et les Chinois d'ailleurs) étaient tout à fait prêts à ouvrir leur capital, à réserver des actions gratuites pour leurs équipes de direction et donc penchaient majoritairement du côté rich, les Français sont exactement à l'opposé : ils n'ouvrent pas son capital facilement (ni aux investisseurs, ni aux salariés) et préfèrent largement être king chez eux (je ne fais pas exception d'ailleurs).

Dans les propos de Raouti Chehi, directeur d'Euratechnologies, cela crée un discours saisissant : il se félicite du montant des fonds levés (plusieurs dizaines de millions) tout en utilisant l'exemple de Giroptic qu'il a soutenu pendant 6 ans avant qu'une campagne Kickstarter (du financement participatif donc) dépassant le million de dollars marque un véritable tournant. Cela fait maintenant 7 ans qu'Euratechnologies existe et le leader "mondial" y est toujours attendu comme le Messie, puisque le modèle reste encore cette fameuse Silicon Valley, avec sa course-poursuite aux investisseurs. J'ai pourtant l'impression que nous avons tout ici pour conjuguer patience, robustesse et excellence. Et découvrir les vertus du boot-straping, de l'indépendance et du temps long. Bref cette forme capitalistique qui permet aussi la résilience.

On pourra alors peut-être explorer les deux succès locaux OVH et Ankama : je n'ai pas toutes les clés, mais il y a au moins un business modèle (très) rentable et des fondateurs toujours aux manettes. Et pas beaucoup de fonds d'investissement. C'est même par la dette que la croissance organique est financée : cela veut dire par des banques ! J'ai l'impression qu'on est loin, très loin du modèle californien... Et le tout à Roubaix, encore et toujours !

Post-scriptum : ces notes sont posées en vrac et mériteraient probablement une étude plus détaillée. Je profite juste d'un tweet d'Arnaud Bailly pour les publier en l'état.