Notes urbaines et ouvertes à Valenciennes
mercredi 7 février 2018 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackbackM. Le Président de la CCI de Valenciennes,
Nous avons eu le plaisir d’échanger sur les villes, celle de Valenciennes que vous souhaitez promouvoir, celles de Lille ou de Lambersart que je pratique tous les jours et toutes celles que nous croisons au gré de nos déplacements et de nos lectures respectifs. Ce rapide billet est juste l’occasion de formaliser quelques fruits de cet échange.
Commençons par Jane Jacobs bien sûr ! Ses ouvrages « Life and Death of Great American Cities » ou « The economy of cities » ont largement aiguisé ma propre lecture des dynamiques urbaines. Elle montre que 4 marqueurs sont nécessaires à la bonne santé d’un centre-ville : 1/ un mixité de fonctions primaires (commerce, logement, travail, loisirs, etc.), 2/ des quartiers perméables (avec des rues qui se croisent à petits intervalles), 3/ des bâtiments de tout âge et 4/ une densité suffisante. Des chercheurs de Trento (en Italie) ont essayé de vérifier si son intuition était bonne : en s’appuyant sur les données des téléphones portables, ils sont arrivés à l’affirmative. Niveau recherche universitaire en France, les choses bougent aussi : le phénomène de la décroissance urbaine a désormais son ANR. Et c’est le groupe Altergrowth qui tente d’y voir plus clair.
La ville de Vancouver (au Canada) aussi s’est donnée l’objectif d’accueillir des familles dans son centre-ville. Elle a commencé il y a plusieurs dizaines d’années et sur son chemin, elle a même créé sa forme urbaine spécifique : une tour entourée de maisons particulières et d’unités commerciales. Les résultats sont probants : plus de 7000 enfants habitent désormais le coeur de la ville. Et la ville se retrouve désormais avec des riches asiatiques ont décidé d’y parquer leur argent, un nouveau type de problème à résoudre. Sur la zone d’Euratechnologies (une zone de bureaux), mes salariés disent la même chose : pour eux, tout commence par des crèches.
Comment la France a tué ses villes est assez bien documenté (l’addiction à la voiture y est pour beaucoup) et ses conséquences toujours visibles. Pour y pallier les mairies peuvent essayer de préempter des fonds commerciaux ou artisanaux comme à Douai. Elles peuvent aussi tester des formules de séparation entre murs et foncier grâce au démembrement. Reste à y greffer des habitants, un quartier ou une communauté : grâce au financement participatif, des châteaux y sont arrivés récemment. Il y a même une structure juridique qui se prête bien à des croisement hybrides entre acteurs divers : les SCIC. Des exemples de commerces communautaires existent hors des « grandes villes » au Royaume-Uni comme à Grindleford ou Thorncombe ou en France à Annecy ou Chateaufort. Ces filières commencent même à se structurer… Et si on se prend à rêver un peu plus, on peut aller chercher d’autres lieux à faire vivre : piscine, ferme, centrale électrique, cinéma, etc. Il y a déjà pléthore d’initiatives sous la grande bannière des Communs.
Souvent les questions financières s’en tiennent aux « acteurs économiques » (entreprise, commerce, artisan) : les villes américaines - à commencer par Détroit - ont montrer au contraire que ces questions pouvaient toucher de plein fouet les « acteurs territoriaux ». Le travail d’un groupe d’économistes sur Lafayette - toujours aux Etats-Unis mais en Louisiane - permet d’éclairer ces sujets : seuls les quartiers centraux (loin d’être toujours les quartiers les plus chics) sont « dans le vert ». Y maintenir globalement l’infrastructure existante (aucune nouvelle route, aucune canalisation supplémentaire) nécessiterait $3300 d’impôts supplémentaires par maison et par an : évidemment c’est impossible. Les banlieues vont bientôt mener la ville à la banqueroute. Même avec les taxes de vente - collectés par les entreprises, y compris la grande distribution - une ville avec ses banlieues étalées ne s’y retrouve pas. Los Angeles - l’autre mégalopole de la voiture outre-Atlantique - se prépare elle aussi à des réveils difficiles. La densification se fera contrainte ou accompagnée.
Pour mailler une aire urbaine qui voudrait sortir du tout-voiture, le train et le vélo sont des alternatives complémentaires. Avec son pôle de compétitivité i-Trans et l’agence européenne qui va avec, Valenciennes est bien partie… Reste que si j’en crois les comptes-rendus de l’association Droit au vélo il reste beaucoup de chemin à faire de côté-là : même pas un entre-filet pour témoigner d’une rencontre avec une collectivité du Valenciennois dans le dernier numéro de leur journal. Après une seule année même la démarche très volontariste de la mairie de Lille a déjà atteint un palier : reste à mettre les bouchées doubles pour découvrir les bienfaits du cyclisme sur les commerces de proximité, comme Amsterdam le prouve bientôt 10 ans.
J’en reste là pour cette fois : encore merci de m’avoir donné l’occasion de transformer quelques liens en autant de notes et au plaisir de poursuivre cet échange ultérieurement.
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