Huit bouquins lus, la trentième-cinquième vague

mercredi 28 août 2024 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback
  1. Rosa candida de Auður Ava Ólafsdóttir
    J'étais sorti enthousiaste de Ör, on m'a confié que cette Auður Ava Ólafsdóttir avait d'autres bons livres à son actif. J'ai donc dévoré Rosa Candida : encore un homme un peu paumé, néo-orphelin de mère, père par hasard, qui part se chercher dans un jardin. Et si le voyage entre l'Islande et le continent n'est pas de tout repos pour ce jeune homme, il n'est pas prêt non plus aux rencontres qui l'attendent là-bas, dans un éden montagnard. Heureusement je l'ai accompagné petit à petit, lecteur choyé dans cette douceur légèrement piquante des roses en bouton, entre contemplation et balbutiements émotionnels. livres.onpk.net
  2. Mémoires d'outre-tombe II de François-René de Chateaubriand
    J'avais quitté une autobiographie de Chateaubriand dans le premier volume, je suis tombé sur une biographie de Napoléon dans ce deuxième volume. Et finalement j'ai eu beaucoup plus de mal à lire ce récit de notre avant-dernier empereur : la mémoire collective des affres de la Bérézina puis de Waterloo sont toujours vivaces. Tellement de nos compatriotes - et de nos ennemis de l'époque - seront décédés pour satisfaire l'égo insatiable du petit caporal. C'est tellement dur à encaisser, surtout que Chateaubriand ne se prive pas d'afficher l'antagonisme et la répugnance que le natif d'Ajaccio lui inspire, et c'est encore plus compliqué de tourner les pages alors qu'on connaît si bien la fin. Pour l'anecdote, il y a un restaurant "La Croix ou Pile" pas si loin de la maison : je dois remercier le grand défenseur contre-révolutionnaire d'avoir utilisé cette expression. Il s'agit donc de l'ancienne version du jeu "pile ou face", du temps où même les pièces étaient catholiques. livres.onpk.net
  3. La vie solide de Arthur Lochmann
    Dans la lignée d'un Matthew Crawford (qui réparait des motos), Arthur Lochmann fabrique des charpentes, après un cursus en philosophie et en droit. J'ai donc découvert un autre jargon technique, ancestrale, entre "épure" et "orient". Et surtout un bel hommage aux 7 années du Tour de France chez les compagnons (équivalent aux 10 000 heures de celui qui veut maitriser une technique). Au passage j'y ai retrouvé une des caractéristiques que le Lean a préservé de l'artisanat : l'importance de l'apprentissage par l'expérience chez les adultes, avec son lot de "droit à l'erreur" par exemple. livres.onpk.net
  4. Cities: The First 6,000 Years de Monica L. Smith
    Lire une ville est une tâche assez facile  les Espagnols à la conquête de "Nouveau Monde" pouvaient reconnaître facilement temples et rues, quartiers populaires et palais princiers, alors même qu'aucun contact ne pré-datait cette découverte. Et pourtant les villes sont à la fois fragiles et inter-dépendantes, jamais uniques, toujours en réseau. L'entrée en matière donnait envie, dommage que ces 250 pages ne passent qu'effleurer la recherche actuelle : le livre manque un peu de profondeur (une thèse forte ou un point de vue original) pour transformer les impressions d'une archéologue en un ouvrage passionnant. Le podcast est en fait suffisant. livres.onpk.net
  5. The End of the World Is Just the Beginning de Peter Zeihan
    En plus d'être consultant en géo-politique, Peter Zeihan est un excellent "storyteller". Avec une grosse louche de géographie et une autre de démographie, il peut tirer à gros traits l'histoire d'un monde en devenir, celui de l'après-mondialisation. La thèse est simple : les USA (pour des raisons qu'il n'explorera qu'à peine) ont décidé de se retirer de la gouvernance opérationnelle du monde, tous les autres états devront s'adapter à ce reflux américain. Et cette adaptation risque de chambouler sérieusement les équilibres actuels. Comme l'ouvrage est très peu (comprendre pas du tout) sourcé, il me sert surtout de pointeur dans ma veille personnelle. Les mots-clés qui remplissent mon Zotero comprennent donc : "capitalisme militaire", "barrière tarifaire", "pénurie de main d’œuvre", "dévaluation monétaire", "énergie pétrolière", "déclin chinois" ou "délocalisation / relocalisation". Et en tant qu'humble locataire d'un bout de territoire eurasiatique appelé France, je croise les doigts pour que nous puissions passer le cap de ce XXIe siècle aussi paisiblement (comprendre moins pire qu'ailleurs dans sa gouaille tranchante) qu'il le prédit. livres.onpk.net
  6. Berthe Morisot : Le Secret de la femme en noir de Dominique Bona
    Mme Morisot acceptera que ses filles aillent recopier les grandes œuvres du Louvre. L'une d'entre elles, Berthe, y rencontrera sa vocation : elle sera peintre, libre et femme. Elle sera surtout membre à part entière de l'épopée des Impressionnistes. C'est au sein de ce mouvement artistique qu'elle vivra l'importance de la symmathésie (l'apprentissage mutuel d'un cercle vivant de relations) : on navigue entre les petits mots de Mallarmé, les invitations de Degas, les encouragement de Manet et les repas chez Monet, pour aboutir au portrait d'une bourgeoise, mère et artiste, qui n'aura jamais rien lâché. À lire avec une collection de vignettes à porté de clic pour mieux sentir sa quête d'un idéal absolu de légèreté et de finesse. livres.onpk.net
  7. Management Lessons from Taiichi Ohno: What Every Leader Can Learn from the Man who Invented the Toyota Production System de Takehiko Harada
    Takehiko Harada a eu un double expérience chez Toyota : commercer sa carrière sous la direction de Taiichi Ohno (l'inventeur du Just-in-Time et de ses kanbans) puis la finir à la direction de Toyota Taïwan. Ses chapitres sur l'acclimatation du TPS dans un contexte non-japonais offre un contraste saisissant avec les efforts actuels d'un TSMC en Arizona. Mais l'intérêt principal du livre tient à l'effort constant qu'il fait pour comprendre et appliquer les leçons de son maître. J'en retiens trois, mais le livre en est truffé. Si tu peux réaliser un plan mensuel de kaizen, pourquoi ne pas le faire tout de suite ? Et aussi : Tu as acheté une machine chère, et maintenant tu veux en plus un contre-maître onéreux ou même un ingénieur pour l'utiliser ! Tu es fou ? Ou encore : Si tu rends le travail aussi simple que possible, tu obtiendras moins d'erreur et tu n'auras plus besoin de clamer "obéis, obéis" parce que les gens se plieront aux règles. Toujours à méditer... livres.onpk.net
  8. Une forêt de laine et d'acier de Natsu Miyashita
    Un jeune homme qui se découvre une vocation d'accordeur de piano sur le tard. Non-pianiste, il devra puis dans d'autres ressources (la forêt de son enfance, ses odeurs, ses bruissements) pour tenter de réaliser ce rêve. Une bien belle histoire, toute en sensibilité et en délicatesse, malgré quelques fritures sur la traduction : j'aurais tellement aimé pouvoir la lire en VO. livres.onpk.net

Des arbres en moins sur les routes en Haute-Marne

lundi 19 août 2024 :: perrick :: Espace urbain :: aucun commentaire :: aucun trackback

Début février 2024, le Conseil Départemental de Haute-Marne, par la voix de son président Nicolas Lacroix, annonçait un plan d'abattage d’arbres au bord de son réseau structurant. Il lançait au passage une vaste vague d'incompréhension allant même jusqu'à mettre en rogne les automobilistes.

Je ne sais pas si le collectif qui milite contre cet abattage au obtenu le relevé général des arbres concernés, les expertises sanitaires et le détail des mesures compensatoires qu'il souhaitait au minimum...

Par contre j'avais pu constater dès mars 2024, des "trous" le long de certaines routes dans la vallée de l'Aube : les arbres ont disparus, on ne distingue plus que des légers renfoncements dans certains talus qui bordent les chaussées.

Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - mars 2024

Quelques mois plus tard, sur une autre route, c'est l'été... L'herbe a repris ses droits, les renfoncements sont encore plus légers. Datent-ils de 2024 ? D'avant ou après le plan d'abattage ??

Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024

Toujours est-il que tout le monde doit utiliser des départementales baignées de soleil en plein été. Alors même qu'on imaginerait volontiers des rangées de platanes offrant leur ombre délicate aux automobilistes, cyclistes et touristes... Coupé depuis des années dès qu'il tombe malade le platane n'est malheureusement jamais replanté.

Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024

J'imagine que la faucheuse mécanique qui passe de temps en temps accrochée à un tracteur avait du mal à faire un petit décroché tous les 10 mètres : on aménage et sécurise chaque année un peu plus.

Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024

Sauf qu'avec les pluies continues du printemps, ce sont des torrents de boue qui ont dévalé les pentes... Offrant au département haut-marnais de nouvelles occasion de repenser ses aménagements routiers. Mon petit doigt me dit qu'un peu de haies en plus pourrait faire des miracles, mais je crains que ces pentes ne soient pas sur l’emprise départementale et qu'il soit plus difficile encore de faire perdre aux agriculteurs de précieux mètres-carré (d'autant plus que la récolte est mauvaise cette année).

Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024
Haute-Marne, vallée de l'Aube - août 2024

La terre s'en va, les arbres ne sont plus là pour la retenir... Un comble malheureux pour le département le plus boisé de France.