Une grande divergence, de Kenneth Pomeranz
jeudi 16 août 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackbackLes chinois ont tout inventé : le papier, la poudre à canon, l'imprimerie et pourtant au tournant du XIXème siècle, ce sont les Occidentaux qui ont la main mise sur la planète. Kenneth Pomeranz fait un travail d'une très grand érudition essayer de comprendre les véritables raisons de ce basculement. Si sa thèse est vite énoncée (la proximité du charbon des grands centres industrielles en Angleterre et la conquête du Nouveau Monde), l'intérêt de l'ouvrage tient beaucoup plus dans la précision et l'envergure des thèses qu'il réfute : le régime marital et l'organisation économique des foyers, le marché de la terre et du travail ou même la consommation des produits de luxe (café, thé, sucre). Tout y est passé au crible avec moult références et précisions.
J'y ai découvert en outre d'une part l'impasse du monde proto-industrielle "où la production, en dépit d'un investissement croissant de travail, de la diffusion des meilleurs pratiques de production connues et d'une commercialisation croissante permettant une division du travail toujours plus efficiente, parvenait tout juste à devancer la croissance économique" (dans certaines régions de Chine et au Danemark en particulier); et d'autre part le succès de l'Angleterre - alors même qu'elle avait presque fini son déboisement - où "l'énergie nouvelle allait venir dans une large mesure d'un essor de l'extraction et de l'utilisation du charbon [...] et de l'injection de flux de diverses ressources du Nouveau Monde".
Nos contraintes du XXIème siècle ne sont finalement pas si éloignés, surtout quand on voit des méga-entreprises détruire littéralement des forêts entières en Malaisie. "A main gauche, la forêt primaire, le désordre, l'enchevêtrement, la succession de strates vertes [...] A main droite, rien. Rien que du rouge, la même plaie que j'ai vue la veille, dix ou vingt ou cent hectares de terre nue à qui l'on vient d'arracher la peau." (extraits du livre d'Erik Orsenna, Sur la route du papier - Petit précis de mondialisation III. Un triste rappel que finalement la contrainte écologique dépassée vers 1850 en Europe n'aura été que décalée de deux siècles à l'ensemble de la planète...
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