Huit bouquins lus, la dix-huitième vague

jeudi 18 janvier 2018 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback
  1. Le Pays de Marie Darrieussecq
    Pris au hasard dans la bibliothèque associative de mon quartier, ce livre a résonné très bizarrement. Il y est question d’une femme, française, qui retourne vivre dans sa ville natale. Elle a choisi de donner la vie à son deuxième enfant dans « sa » région. Un territoire - Le Pays donc - qui était partagée entre l’Espagne et la France et qui est devenu indépendant. La trouvaille littéraire est astucieuse et permet des évocations nostalgiques sur la « vieille langue » et des descriptions cocasses d’écrivains chargés de faire vivre la culture de ce pays neuf. Loin de cette atmosphère ouatée et féminine, les postures de principe répondent aux manifestations de force et autres discordances revêches. Si Marie Darrieussecq a soigneusement évité la question des soubresauts du changement de régime préalable à son histoire, Madrid et Barcelone ont préféré mettre les pieds dans le plat, avec fracas. livres.onpk.net
  2. Le rouge et le noir de Stendhal
    Scarlet and Black, c’est sous la forme d’une série anglaise que j’avais approché le roman de Henri Beyle (Stendhal donc) : on était en 1993, sur BBC1. Il aura fallu attendre plus de 20 ans pour que je sorte le livre de ma bibliothèque et que je lise les conquêtes du très ambitieux et du peu scrupuleux Julien Sorel entre le Doubs et Paris. Et plutôt que d’essayer d’en retraduire l’effet, je vous recopie les remarques - tellement justes - de Prosper Mérimée : un de vos crimes c'est d'avoir exposé à nu et au grand jour certaines plaies du cœur humain trop salopes pour être vues... Il y a dans le caractère de Julien des traits atroces, dont tout le monde sent la vérité mais qui font horreur. Le but de l'art n'est pas de montrer ce côté de la nature humaine. livres.onpk.net
  3. Principes des systèmes intelligents de Paul Jorion
    J’ai découvert Paul Jorion, ce banquier - anthropologue belge, via de longs articles dans Télérama et Philosophie Magazine. Son blog est arrivé dans mon lecteur RSS plus tard encore, courant 2017 avec la fin de la séquence primaires - campagne - présidentielles. Pourtant des titres comme Se débarrasser du capitalisme est une question de survie, Le dernier qui s'en va éteint la lumière ou même Penser l'économie autrement auraient largement pu (dû ?) être présents dans cette vague ou une autre antérieur. Le hasard des rencontres ont fait que c’est finalement par son livre sur l’Intelligence Artificielle que j’ai commencé. En utilisant des concepts issus de la psychanalyse freudienne, il décortique non pas les bases mathématico-logiques mais les « affects » nécessaires à un système qui passerait le test de Turing. Un essai convaincant qui sait utiliser les trésors de l’érudition médiévale et ceux de la théorie des graphes pour tenter d’éclairer le ténébreux miracle de notre système cognitif. livres.onpk.net
  4. The Lean Turnaround de Art Byrne
    Homme d’usines et d’affaires, Art Byrne attribue son succès au Lean : s’étant formé auprès des premiers consultants TPS au début de sa carrière, il présente dans cet ouvrage les « recettes » qu’il a employé dans les différentes entreprises qu’il a dirigé ou accompagné. Et même s’il s’en défend parfois, les stocks de pièces ont été pour lui un point focale très important pour ses revirements : savoir où se situe la véritable valeur d’une entreprise est un point crucial quand on fait partie d’une société de « private equity » et qu’on fonctionne par rachat avec endettement et par recapitalisation. Une lecture en phase avec le reste de la littérature Lean qu’on peut aussi compléter par ses chroniques régulières sur lean.org. livres.onpk.net
  5. Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez
    De l’action pour cent années, c’est le pari réussi du romancier équatorien nobelisé en 1982 avec l’histoire tumultueuse de la famille Buendía à Macondo. Un mélange ébouriffant de fantastique, de tragique et d’épique. livres.onpk.net
  6. À quoi bon penser à l'heure du grand collapse ? de Paul Jorion
    Cette (auto)biographie intellectuelle montre à quel point la pensée et le gagne-pain de Paul Jorion se sont croisés, entremêlés et fécondés à un tel point qu’il en est devenu inclassable : économiste par la pratique de la finance, breton par l’étude des pécheurs de l’île d’Houat, psychanalyste par une proximité avec Lacan sans jamais devenir chercheur patenté dans une université. Avec deux compères universitaires, il fait le point sur sa « boîte à outils » et sur l’espoir qu’il fonde encore sur la capacité du genre humain à se sortir de l’ornière capitaliste dans laquelle elle s’est embourbée. Lucide. livres.onpk.net
  7. L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar
    Comme avec Mémoires d'Hadrien, Yourcenar me donne le sentiment de sentir la grande littérature, d’en toucher la finesse et la grâce à travers ses mots. Cette fois-ci on suit les pérégrinations de Zénon, humaniste du XVIe siècle empruntant à Giordano Bruno, Léonard de Vinci ou encore Paracelse : tentant d’offrir au monde quelques onces de savoir, d’audace et de tolérance, il butte tragiquement sur les codes obscurantistes de son siècle. La plume classique, précise et épurée de la première femme élue à l’Académie française lui donne l’étoffe d’un héros antique, tellement humain, si proche du divin. livres.onpk.net
  8. Des hommes sans femmes de Haruki Murakami
    C’est dur de passer après Marguerite Yourcenar : même si Haruki Murakami est depuis longtemps sur les tablettes de bookmakers pour le prix Nobel, ce recueil de nouvelles fait la part belle aux hommes lâchées d’une manière ou d’une autre par leurs femmes. Une prose simple et limpide enrobe ces portraits en forme d’estampe : quelques traits brossent un personnage qui pourra toujours se réfugier dans le brouillard. livres.onpk.net

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