Eiffel, une relecture à la mode startup

lundi 23 avril 2012 :: perrick :: Livres :: aucun commentaire :: aucun trackback

Lors de la formation "Entreprenariat & Innovation" à Stanford l'année dernière, une seule société française avait été cité par les intervenants américains : les établissements Roquette. Les modèles français pour développer son entreprise se sont donc très mal exportés ces dernières années. En passant par la bibliothèque de mon quartier, j'ai emprunté il y a quelques semaines sur une biographie de Gustave Eiffel : au delà du personnage génial, tyrannique, ambitieux, orgueilleux, exigeant, précieux et obstiné, j'ai trouvé quelques pépites à méditer.

Gustave Eiffel, de Daniel Bermond

Quand il n'est encore que jeune ingénieur et directeur de travaux en 1860, Eiffel met tout son talent en oeuvre pour respecter les délais : pour les commanditaires, sa plus grande qualité tient au respect du calendrier. En 1875, il vient de signer un contrat très flatteur (le plus gros à cette date là pour les établissements Eiffel et Cie) la gare de Budapest : le chantier sera livré deux ans plus tard, dans les délais convenus, à la semaine prêt. En 2012, un nouveau salarié - simple responsable de l'approvisionnement - d'Eiffage travaillant sur le chantier du Grand Stade à Lille m'avait affirmé avec autorité que la société finit toujours ses chantiers dans les temps, même s'il faut y mettre tous les moyens. Preuve d'une incroyable permanence de la culture d'entreprise même avec des rachats successifs.

Dans le processus de sélection de YCombinator, peut-être la plus belle des machines à start-up du moment, il y a l'exigence d'avoir au moins deux co-fondateurs - le fondateur unique serait même la principale raison de l'échec d'une startup : le décollage des établissements Eiffel & Cie passera aussi par la participation de deux associés. En la personne de Théophile Seyrig, Gustave a trouvé un associé rêvé, un jeune ingénieur d'avenir, riche et décidé à mettre ses fonds à la disposition d'un établissement au dynamisme prometteur. Celui qui donnera son nom à la célèbre tour parisienne, commence par donner son propre patronyme à une société dont il n'est pourtant qu'actionnaire minoritaire : une fois le succès arrivé, il augmentera sa propre participation pour atteindre l'égalité, avant plus tard encore d'exclure son partenaire originaire et de rester seul aux manettes ! Et l'histoire oubliera ce Théophile.

Automatiser, automatiser : le maître mot qui aura fait le succès d'Instagram (capable de gérer ses centaines de milliers d'utilisateurs avec 3 techniciens uniquement et un stack open source) fera la pérennité de la fortune d'Eiffel. Il dépose en 1879 un brevet pour des ponts démontables : un système préfabriqué, minutieusement calculé et dimensionné en atelier pièce par pièce pour être expédié, avec le mode d'emploi, sur les lieux de l'installation. Ces ponts s'exportent dans toutes les colonies, et plus de 40 ans plus tard, ce sera encore la vache à lait de sa société.

L'équipe de 37signals, en plus de vendre un logiciel de gestion de projet - Basecamp, tire des revenus confortables de produits dérivés : ce sont en particulier les livres qu'ils éditent sur leurs méthodes de production et de management. Pour Eiffel, ce seront les chutes, rognures et débouchures de métal qui proviennent de la tour [...] qui seront employés à la fabrication d'«objets de fantaisie» puis tous les contrats avec des concessionnaires (optiques, brochures, restaurants, photographes, pâtisseries, etc.) qui utilisent le nom de la Tour du Champ-de-Mars. Prêt d'un million de francs de l'époque pour la première année d'exploitation !

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